Bon Entendeur invite Sofiane Pamart à l'Opéra de Paris
Après “I Love to Love”, le trio de musique électronique Bon Entendeur apporte de nouveau son soutien à la culture musicale meurtrie. Pour le clip d’"Alba", second single de leur prochain album – dont la sortie est prévue le 25 juin –, les trois hommes ont invité Sofiane Pamart, le pianiste favori des rappeurs francophones. Il joue sur un piano à queue au cœur de l’Opéra de Paris…
Voici le lien pour le clip "Alba" (2021) – Bon Entendeur et Sofiane Pamart :
https://www.youtube.com/watch?v=kfzDMDSGcU0&t=2s
S’il est un pur produit du Conservatoire, Sofiane Pamart a l’habitude de prêter son toucher virtuose à des musiciens contemporains. Particulièrement féru de rap, il a déjà composé pour le Belge Scylla, pour le très engagé Médine, mais aussi pour Guizmo, Kery James, Vald ou encore Gaël Faye (par ailleurs romancier : je vous conseille son premier roman, Petit pays)
Dans l’enceinte majestueuse de l’Opéra Garnier (quelques étudiants en ont vu en classe des extraits du documentaire d’Arte consacré à l’opéra Garnier) Sofiane Pamart est aujourd’hui l’invité de Bon Entendeur pour le titre “Alba”, une balade aérienne et élégante accompagnant les pas précis de Marion Gauthier de Charnacé, danseuse du Ballet national de Paris. Le clip, bijou de sobriété et d'émotion tourné en noir et blanc – et signé Alexandre Birsa – invite à la transgression, alors que la danseuse pénètre par effraction dans l’Opéra fermé, tentant d’échapper au regard du veilleur de nuit. Minuit, le prochain album de Bon Entendeur, sera disponible à partir du 25 juin.
« Un opéra pour un empire », sur Arte : Charles Garnier et son palais conçu pour les élites de l’Empire Par Renaud Machart Le Monde 30 janvier 2021
Un très intéressant documentaire, aussi sérieusement informé qu’aimablement divertissant, revient sur la longue construction de l’institution lyrique parisienne.
On le prend pour une grosse cerise conçue pour couronner le majestueux et long gâteau qu’est l’avenue de l’Opéra ; pour un bâtiment lourd et boursouflé parodiant les modèles anciens ; pour le lieu d’ancrage de l’élite sociale : ce sont quelques-uns des reproches, croyances et parfois justes critiques qu’attire le théâtre lyrique conçu par Charles Garnier (1825-1898).
Mais, en fait, le Palais Garnier (construit sur une période de quinze années) a été décidé avant le percement ordonné par Napoléon III au baron Haussmann, préfet de Paris, de l’avenue qui le relie au palais des Tuileries – sur un terrain biscornu, exigu et dans un quartier qui n’avait rien de rutilant. Si elle témoigne, en de nombreux points, de références et révérences à des bâtiments antérieurs, la nouvelle institution lyrique voulue par l’Empereur est un prodige de technicité et d’ingénieux faux-semblants : derrière la pierre de taille, sous sa coupole et ses balcons s’organise un vaste réseau de structures d’acier, technologie de maîtrise encore récente.
Enfin, commandé comme un joyau destiné à aimanter la curiosité, l’admiration, les jalousies et les imitations internationales, le bâtiment sera réceptionné par la IIIe République, qui fera volontiers sienne la théâtralité de ce lieu de sociabilité, conçu pour les élites de l’Empire, pour sa représentation mondaine, aussi – sinon plus – importante que les représentations lyriques qu’il accueille.
Un opéra pour un empire, documentaire de Patrick Cabouat, coécrit avec Stéphane Landowski (Fr., 2020, 89 min).