mardi 20 avril 2021

Airs classiques et chansons pour un mardi soir...

 

Michel Tournier. « Que ma joie demeure » dans le recueil Sept contes, Gallimard.2008

Bidoche, jeune pianiste prodige peine à vivre de sa passion pour la musique. Après avoir en vain cherché comment vivre de son art, c’est au sein d’un cirque, comme clown musicien qu’il connait la fortune. Cependant, il est désespéré de ne pouvoir obtenir la reconnaissance tant espérée.

Le numéro du piano diabolique était-il tout à fait au point ? Y eut-il ce soir-là une sorte de miracle sous le chapiteau d’Urbino ? Le final prévoyait qu’après avoir fini par exécuter cahin-caha un morceau de musique, le malheureux Bidoche assistait à l’explosion de son piano qui vomissait sur la piste un vaste déballage de jambon, tartes à la crème, chapelet de saucisses, enroulement de boudins blancs et noirs. Or ce fut tout autre chose qui se produisit. Les rires sauvages s’étaient apaisés devant l’immobilité soudaine du clown. Puis, quand le silence le plus complet avait régné, il s’était mis à jouer. Avec une douceur recueillie, méditative, fervente, il jouait Que ma joie demeure, le choral de Jean-Sébastien Bach qui avait bercé ses années studieuses. Et le pauvre vieux piano du cirque, truqué et rafistolé, obéissait merveilleusement à ses mains, et faisait monter la divine mélodie jusque dans les hauteurs obscures du chapiteau où se devinaient des trapèzes et des échelles de cordes. Après l’enfer des ricanements, c’était l’hilarité du ciel, tendre et spirituelle, qui planait sur une foule en communion. Ensuite, un long silence prolongea la dernière note, comme si le choral se poursuivait dans l’au-delà. Alors, dans les nuées moirées de sa myopie, le clown musicien vit le couvercle de son piano se soulever. Il n’explosa pas. Il ne cracha pas des vomissures de charcuterie. Il s’épanouit lentement comme une grande et sombre fleur, et laissa fuir un bel archange aux ailes de lumière, l’archange Raphaël, celui qui depuis toujours veillait sur lui et le gardait de devenir tout à fait Bidoche.

J S Bach - Que ma joie demeure, BWV 147 sur youtube :

https://www.youtube.com/watch?v=5v_aSsAzOpE

Je vous mets d’autres liens :

-         l’adagio du piano concerto 23 de Mozart joué par Hélène Grimaud (dont je ne me lasse pas) :

https://www.youtube.com/watch?v=j8e0fBlvEMQ

Hélène Grimaud

-        Keith Jarrett (que j’écoutais en boucle la nuit, lorsque j’étais étudiant !) :

https://www.youtube.com/watch?v=aP0wHBj_gvY&list=PLWtfxqVrcN8WrLmGRA0ci6FuzsYkis3XH

Keith Jarrett

-        Glenn Gould jouant les Variations Goldberg de Bach (fascinant !) :

https://www.youtube.com/watch?v=ySq76KD1gZA

Glenn Gould

Et pour finir, trois chansons qui, a priori ( et a posteriori) n’ont aucun lien avec ce qui précède :

Murray Head - One Night In Bangkok "From CHESS" :

-        https://www.youtube.com/watch?v=rgc_LRjlbTU 

Murray Head

 Roxy Music - Avalon :

https://www.youtube.com/watch?v=bpA_5a0miWk

Bryan Ferry

Tom Waits. Waltzing Matilda [aka: Tom Traubert's Blues] Live at Rockpalast 1977 :

https://www.youtube.com/watch?v=vGpwgHqlfWo

Tom Waits

 

 

 

 

 

 

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