LE SERPENT
Jenna Colema et Tahar Rahim dans «Le Serpent» © Netflix
Le Serpent, bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=EVciDIvAOmE
L’histoire vraie du tueur en série français Charles Sobhraj.
Dans les années 70, entre la Thaïlande, le Népal et l’Inde, le tueur en série français, Charles Sobhraj, a assassiné de nombreux touristes venus parcourir le hippie trail asiatique. Se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses afin d’attirer ses victimes, le « bikini killer » ou le « Serpent », comme on le surnommait, est un roi de la cavale, escroc insaisissable et mortel. L’histoire (vraie) méritait au moins une série, diffusée depuis aujourd’hui sur Netflix. Tahar Rahim, tout en cheveux longs, chemise col pelle à tarte et lunettes de soleil aux verres fumés, incarne un Sobhraj charismatique et séducteur, capable de plier à sa volonté sa compagne Marie-Andrée Leclerc (Jenna Coleman, plutôt en forme) et d’en faire sa complice malgré elle.
Le Serpent, série en huit épisodes, à voir sur Netflix.
Qu’est-ce qui t’a intéressé dans le rôle de Charles Sobhraj ?
Tahar Rahim — J’ai toujours voulu explorer le mal chez un personnage, comme on a envie d’étudier d’autres langues. En déroulant le script que m’ont adressé les Anglais, je lis « escroc », « meurtrier », « tueur »… Et puis je vois le nom de Charles Sobhraj. Quand j’avais 16 ans, j’avais lu le livre de Richard Neville (The Life and Crimes of Charles Sobhraj) qui traînait sur la table de chevet de mon frère. Il m’avait fasciné autant qu’effrayé, mais j’étais suffisamment naïf pour ne pas me rendre compte de l’horreur qu’il relatait. Ce que je voyais en premier lieu, c’était un acteur qui ne cessait de changer d’identité, qui avait du bagou et du charme, qui cambriolait et s’évadait de prison… et qui était français ! Donc j’ai un peu fantasmé l’idée de l’interpréter un jour.
Netflix: «Le Serpent» - Tahar Rahim, impressionnant, dans la peau de Charles Sobhraj
https://www.cineman.ch/fr/article/netflix-le-serpent-tahar-rahim-impressionnant-dans-la-peau-de-charles-sobhraj
Diffusée en janvier sur la BBC, «Le Serpent» arrive maintenant sur Netflix. Du «bikini killer» en passant par le «cobra» pour enfin devenir «Le Serpent», Charles Sobhraj est parfaitement campé par Tahar Rahim (nommé aux Golden Globes) sous les traits d’un tueur en série à la méthode froide et sadique.
Charles Sobhraj (Tahar Rahim) mérite bien son surnom: manipulation et empoisonnement pour arriver à ses fins. «Le serpent», lui qui se faisait passer pour un négociant en pierres précieuses, et sa compagne Marie-Andrée Leclerc, alias Monique (Jenna Coleman) ont tué de nombreux touristes sur le chemin du «Hippie Trail» asiatique. De 1975 à 1976, les meurtres s’accumulent et le tueur en série attire l’attention du diplomate hollandais Herman Knippenberg (Billy Howle), lancé à ses trousses pour le coincer après la disparition d’un couple de ressortissants hollandais.
En novembre 75 à Bangkok, à la «Kanith House» l’appartement qui fait office de quartier général pour Sobhraj, la dégaine et le regard perçant de Tahar Rahim donnent le ton: l’ambiance cool et glamour des seventies se juxtapose au regard glacial de l’acteur français. Une bombe à retardement, un fin tacticien prêt à vous empoisonner la vie, aux apparences amicales, mais s’avérant infiniment venimeuses. Le premier épisode est à combustion lente, comme le second, avant que le 3e n’amène une nouvelle épaisseur dramatique - le personnage de Dominique (Fabien Frankel) cadre cette peur toujours plus forte et la terreur que fait régner Charles dans son antre festif, avant que Nadine Gires (Mathilde Warnier) ne devienne un second piston dans le récit.
Tahar Rahim et Amesh Edireweera © Roland Neveu/Netflix
La performance XXL de Tahar Rahim... par Sven Papaux
«Le Serpent» est ce lent processus de départ: une série qui vous amadoue avant de cracher son venin. La trame est judicieuse. Richard Warlow et Toby Finlay optent pour cette attention portée à chacun des personnages qui gravitent autour du meurtrier. Des sauts temporels incessants, des analepses (retours en arrière) qui s’intègrent à merveille dans le récit pour le densifier et produire une architecture solide, parfois clinique tant elle s’imbrique à merveille dans la structure narrative. Mais la grande satisfaction de la série découpée en 8 épisodes, nous vient assurément de la performance XXL de Tahar Rahim.
Étrennant cette allure sibylline, sécrétant son venin méthodiquement, l’acteur français excelle et fend la chaleur humide et les effluves d’alcool, la fumée des cigarettes pour briller de mille feux. Un rôle en forme de mise en abyme - un rôle dans le rôle, puisque Charles devient Alain Gonthier - pour dessiner un homme impavide, dégoûté par les bourgeois qu’il exècre profondément. Pour se venger, ce sont des avanies qu’il va infliger à de pauvres gens, de jeunes touristes pour assouvir sa soif de manipulation. Pour la petite histoire, dans une biographie publiée en 1979, Sobhraj a dit : «Tant que je peux parler aux gens, je peux les manipuler.» Cette simple citation nous démontre le caractère sadique de l’homme.
«Tant que je peux parler aux gens, je peux les manipuler.» Charles Sobhraj en 1979
Tahar Rahim dans «Le Serpent» © Netflix
Une ode à la manipulation fonctionnant tel un serpent à 2 têtes: sa «partner in crime», la chère Marie-Andrée Leclerc s’effondre derrière le personnage de Monique. Une ficelle intéressante du récit, surtout quand Marie-Andrée perd pied, consciente de sentir le gouffre de la justice se rapprocher: «Marie-Andrée hurle, Monique reste muette.» déplore la Québécoise. Sa propre femme est elle-même manipulée. Sobhraj, tel qu’il est présenté, cherche à créer à l’instar d’un Charles Manson une famille autour de lui.
«Le Serpent» est une bonne série, elle sert tous les ingrédients nécessaires pour nous maintenir dans une histoire rondement menée. Mais un petit détail chiffonne: le manque de tension, qu’on perçoit grâce à quelques bribes éparses. Le personnage de Dominique injecte cette tension, mais l’atmosphère aurait mérité un poil plus de tragédie. Mais qu’importe, la simple performance de Tahar Rahim, glaciale et impressionnante, gomme les petits défauts.
“Le Serpent” avec Tahar Rahim, un trip Netflix en demi-teinte Par Violaine Schütz .
Les histoires criminelles ne cessent de hanter Netflix. Après le succès de « Tiger King » et du documentaire sur l'affaire Grégory, la plateforme propose cette fois une fiction sur un serial killer français. Dans la mini-série « Le Serpent », Tahar Rahim incarne Charles Sobhraj, un escroc et tueur en série qui a semé la terreur dans l'Asie psychédélique des seventies. Que penser de cette mue à contre-emploi ?
Au commencement du Serpent, se trouve un matériau fictionnel des plus spectaculaires. La mini-série de huit épisodes produite par la BBC et diffusée sur Netflix, met en scène l'histoire de l'Indo-Vietnamien Charles Sobhraj né en 1944 à Saïgon, qui s'installera un temps en France (où il obtiendra la nationalité du pays). Ce tueur en série moins connu que ses homologues américains était un escroc et un séducteur qui aurait assassiné de nombreux touristes sur le “Hippie Trail” asiatique dans les années 1970. Se faisant passer pour un vendeur de diamants, il s'attaquait aux backpackers (routards) en usant de son charme, de sa malice et de diverses drogues et somnifères. On l'appelait “le serpent” justement car il manipulait ses victimes, arrivait à filer entre les mains de la police et à s'évader de multiples prisons… En 1971, il organisait par exemple un vol dans la bijouterie d'un hôtel de New Delhi en flirtant avec une danseuse américaine, Gloria Mandelik, logeant au-dessus de la boutique. Toujours vivant, il est, à 77 ans, incarcéré au Népal et accorde de temps à autres des interviews à des journalistes fascinés par les moindres détails de son histoire.
Une mue spectaculaire
Pour incarner celui qu'on surnommait également « le Cobra » ou encore le « Bikini Killer », il fallait un acteur versatile et charismatique. La mue de Tahar Rahim, plus connu pour ses rôles de personnages attachants, en grand méchant loup est la meilleure idée du Serpent. L'acteur s'est littéralement métamorphosé pour se lover dans la peau de cet homme aux actes glaçants. Rasage précis, look 70's ultra kitsch, coupe de cheveux façon Bruce Lee et maquillage stupéfiant, on peine à reconnaître celui qui fut révélé par Jacques Audiard dans Un prophète en 2009. Sans compter les prothèses faciales qui finissent par semer le trouble. Tahar Rahim est d'ailleurs en train de créer l'émoi parmi la presse hollywoodienne grâce à cette série mais surtout à sa prestation dans le film Désigné Coupable avec Jodie Foster. Le Français aurait lu, fasciné, alors qu'il était adolescent, La Trace du serpent de Thomas Thompson, contant la trajectoire du serial killer et inspirant le scénario de la production BBC/Netflix. Lorsqu'on le voit convaincre de jeunes hippies de lui acheter – pour ensuite les revendre – des pierres précieuses (avant de les droguer et de leur voler leur passeport), on succombe sans mal, comme ses victimes, à ses talents de beau parleur et à son aura mystérieuse.
Un trip en demi-teinte
A ses côtés, les Britanniques Jenna Coleman, qui incarne sa compagne Marie-Andrée Leclerc et Billy Howle, qui joue le diplomate néerlandais Herman Knippenberg traquant le Serpent, manquent de relief. Mais ce n'est pas la seule déception de cette production ambitieuse. Le décor idyllique, soit l'Inde, la Thaïlande et le Népal des années 1970, est planté avec une certaine splendeur mais recèle de nombreux clichés. Il y a cette jeune fille en tunique fleurie qui vient faire sa retraite dans un monastère bouddhiste ou ce couple très candide dont les caractères possèdent peu d'épaisseur. Trop peu de travail a été réalisé autour de la psyché des personnages, délaissés au profit des costumes et des pool parties sublimes ainsi que d'une bande-son vintage envoûtante. On sent presque les effluves du patchouli et de l'encens... Mais on ne sait presque rien de ses victimes au destin tragique. Que se passe-t-il dans la tête de ces hippies en quête de sens, de spiritualité ou de sensations fortes ? Pourquoi ont-il fui un temps la société de consommation occidentale ? Et qu'est-ce qui explique leurs meurtres sordides outre le goût du luxe du Serpent ? Dans ce trip esthétisant, l'accent est avant tout mis sur l'atmosphère. Et le voyage qui aurait pu être totalement hypnotique nous laisse souvent au bord de la route avec son traitement en surface des événements et ses détours temporels incessants. On pense beaucoup au Once Upon A Time... in Hollywood de Tarantino. Avec sa musique soignée, son casting exceptionnel et ses looks psychédéliques déments, le réalisateur parvenait à nous immerger dans une histoire criminelle pourtant déjà vue et revue (Charles Manson et Sharon Tate) qui signait la fin d'une époque. Ici, le Serpent nous embarque avec son regard perçant mais sa cavale infernale aurait pu contenir bien plus de venin en s'attardant sur les tréfonds de l'esprit humain.
Le Serpent de Richard Warlow et Toby Finlay avec Tahar Rahim, disponible sur Netflix.
https://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=25362.html
Critique publiée par limma le 4 avril 2021
Pépite, pépite, nous dit SC. Peut-être pas. Il faudrait plutôt attendre un
certain nombre d'avis avant les grandes envolées optimistes.
Focus sur les années 75, la série met en avant le caractère égocentrique,
manipulateur et dangereux de Charles Sobrahj. Richard Warlow s'appuie sur de
nombreux ouvrages et documentaires et en profite pour lui faire bien plaisir
dans son appétence à être sous les feux des projecteurs.
Si cette histoire nous remet en mémoire cette escalade meurtrière, la direction
romantique - et pour un personnage si peu empathique - peut laisser perplexe. Un
séducteur et psychopathe à haute valeur charismatique particulièrement bien
rendu par Tahar Rahim certes, et une époque malgré tout bien brossée, valent le
visionnage mais n'empêchent pas les codes de fiction d'être trop présents.
Le personnage de Nadine (Mathilde Warnier), qui si elle donne un peu de place
aux personnages féminins, n'en sera pas pour autant crédible, et Siemons (Tim
McInnerny), diplomate belge, ancien résistant et tête brûlée, qui excellera
dans les propositions de solutions radicales, font trop référence aux
personnages propres au genre.
On se rattrape avec l'enquête en cours et les freins à son élaboration. On
suivra particulièrement Knippenberg (l'émotif Billy Howle), un diplomate
néerlandais qui se découvrira l'âme d'un détective, pugnace et rebelle face à
l'inactivité de son ambassade, ralliant au fil du temps un certain nombre de
soutiens. Les contraintes liées aux outils de l'époque démontrent toute
l'ampleur de son travail et tout le temps qu'il aura fallu à mettre enfin la
main sur le tueur en série.
Knippenberg (Billy Howle)
Appréhendé en 1976, libéré en 1997, Sobrahj décide de faire un pied de nez aux
autorités en revenant en 2003 au Népal, persuadé d'absence de preuves...il est
aujourd'hui toujours incarcéré.
La mise en scène classique use de quelques rebondissements comme il se
doit, d'acteurs choisis et souvent en cohérence avec le physique des vrais
personnages, de flahsbacks et de jeux de temporalité croisée, parfois trop
nombreux et mal intégrés.
Un sérieux coup de ralenti intervient dès l'épisode 5, avec une volonté de
faire traîner la série sur ses huit épisodes, passant d'une situation à une
autre sans pour autant creuser notre personnage principal. Et si Marie-Andrée
Leclerc (Jenna Louise Coleman) marque par une absence totale de remise en
question en miroir de Sobrahj, elle agace par un revirement final, mais reste
un parfait exemple encore de violence faite aux femmes.
Pour Sobrahj ce sera un décor souvent identique d'hôtel thaïlandais pour touristes de tous horizons, avec sa piscine et ses moments de détente, nombreux, roi en sa demeure, lunettes fumées et chemise blanche, ponctué de quelques escapades de tueries ou de fuites pour agrémenter le tout, en passant par des prisons au sol resplendissant de propreté. La tentative d'explication par un retour sur les causes potentielles du cheminement de Sobrahj, une enfance malheureuse, une origine métis qui le poussera à se démarquer, une mère absente mais excédée et des femmes sentimentales soumises à la nocivité de l'homme, l'ensemble est à prendre avec modération.
Ajay Chowdhury, (Amesh Edireweera)
De l'Inde en passant par l'Afghanistan, Le Népal et la Thaïlande, escroc négociant en pierres précieuses, Charles Sobrahj devient un tueur en série avec une facilité déconcertante, usant de drogues, volant et assassinant facilement ses victimes. Argent, traveller chèque, et passeports pour changer d'identité, il passera durant de nombreuses années entre les mailles de la justice, pour le moins laxiste ou corrompue suivant les cas. Expert en évasion, Sobrahj trouvera toujours des appuis. On peut croire à cette grande facilité de persuasion, l'époque et les lieux servent parfaitement l'appât du gain et la liberté d'action. Ajay Chowdhury, (parfait Amesh Edireweera) son homme de main en est encore le parfait exemple. Les libertés nouvellement acquises, poussent ces voyageurs adeptes de la Hippie Trail, beaux minces et bronzés, vers tous les possibles et rappellent à cette insouciance de la jeunesse venus s'exiler dans les vapeurs de joints, en quête existentielle et sans trop de profondeur, mais leur portrait est suffisamment mis en avant, pour saisir toute l'horreur de leur destinée.
Enfin, pour ceux qui rêvaient de partir à Katmandou se la couler douce, on y verra le retour de manivelle pour certains et le manque de chance pour d'autres. Quittant la vie insipide et bien réglée de nos contrées, pour se rapprocher des vraies valeurs humaines, un regard sur les vaches indiennes, reines des rues, mais plutôt maigrichonnes, les hôtels miteux, la pauvreté ambiante et les rêves déçus de ceux qui ne peuvent plus rentrer chez eux, remettra les pendules à l'heure. C'est déjà ça.
Sur la trace du “Serpent”, le nouveau serial killer made in Netflix par Alexandre Buyukodabas 7 avril 2021
Soutenue par une reconstitution d’époque soignée et un casting remarquable, dont l’époustouflant Tahar Rahim, cette mini-série de Richard Warlow et Toby Finlay reconstitue les agissements et la traque de Charles Sobhraj, un tueur en série bien réel qui a sévi dans l’Asie du milieu des années 1970. Le show le plus addictif de ce début d’année.
Visage rasé de près, cheveux mi-longs impeccablement peignés et lunettes rétro à verres teintés : c’est un Tahar Rahim méconnaissable qu’on découvre dans Le Serpent, mini-série criminelle coproduite par la BBC et Netflix. Il y campe Charles Sobhraj, escroc français tristement célèbre pour avoir commis, entre 1975 et 1976, une série de meurtres sur le Hippie Trail asiatique – principalement en Thaïlande, au Népal et en Inde. En se faisant passer pour un négociant en pierres précieuses, il droguait des touristes pour leur subtiliser leur argent et leurs passeports, avant de se débarrasser de certain·es d’entre eux·elles de façon expéditive et cruelle.
Si le poids des prothèses faciales arborées par l’acteur et l’esthétique très marquée de la reconstitution d’époque dans laquelle il évolue ont quelque peu alourdi nos premiers pas dans la série, il aura suffi d’un épisode, soldé par un meurtre glaçant et un monologue hypnotique, pour nous embarquer dans le sillage du tueur et de celles et ceux qui cherchent à le coincer. Jouant habilement de la fascination trouble exercée par le personnage et orchestrant des moments de tension délicieusement insoutenables, Le Serpent est l’une de ces séries qui vous cueillent sans crier gare et mettent votre sommeil en danger, une œuvre dont le venin ne se dissipera qu’après en être venu à bout – le plus vite possible.
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