mercredi 28 avril 2021

BTS2 Corrigé de la synthèse du BTS blanc du second semestre 20/21

 

BTS2 Corrigé de la synthèse du BTS blanc du second semestre 20/21

Corpus :

→ Jankélévitch, Quelque part dans l’inachevé, éditions Gallimard, 1978

→ Aline Moussard, Françoise Rochette et Emmanuel Bigand, « La musique comme outil de stimulation cognitive », L’Année psychologique, volume 112, 2012

→ Suzana Kubik, « La musicothérapie : la connaissons-nous vraiment ? », radio France Musique, 5 juillet 2016

→ Marco Martiniello et Alessandro Mazzola, « La musique adoucit-elle le confinement ? », The Conversation France, 5 avril 2020

 

En cette période de difficultés et d’incertitudes dans les domaines sanitaire et économique, le réconfort procuré par la musique, qui, selon l’adage populaire, adoucit les mœurs, se révèle particulièrement nécessaire. Son intérêt thérapeutique a été démontré par la philosophie, les neurosciences et les recherches récentes en psychologie. Le corpus mis à notre disposition, qui comporte quatre extraits de genres variés publiés de la fin du XXe siècle à nos jours, aborde ainsi les bienfaits des activités musicales sur le corps et sur l’esprit, ainsi que dans la construction de la vie sociale. En quoi la musique est-elle constitutive de l’être humain ? Après avoir analysé comment le langage musical suscite des émotions profondes, il s’agira d’envisager la musique comme vecteur de transformation, individuelle et sociale.

 

Le langage est source d’émotions profondes. En tant que système de signes, la musique s’apparente à un langage, dont l’origine est très ancienne. Dans un article intitulé « La musique comme outil de stimulation cognitive » et paru en 2012 dans L’Année psychologique, Aline Moussard, Françoise Rochette et Emmanuel Bigand, tous trois chercheurs en psychologie cognitive, rappellent qu’elle daterait d’il y a 250 000 ans et que sa pratique pourrait, selon certains paléontologues, être antérieure à l’apparition du langage articulé. Ce langage particulier est d’abord non verbal ; il est corporel et sensoriel. Comme le suggère le philosophe et musicologue français Vladimir Jankélévitch dans un essai intitulé Quelque part dans l’inachevé (1978), la musique suscite des émotions immédiatement déchiffrables.                                                               Par son caractère émotionnel, la musique peut communiquer à l’auditeur des états d’âme nouveaux, susceptibles de le toucher profondément. Ce constat est soutenu par Vladimir Jankélévitch, qui montre qu’elle permet d’échapper à l’ennui dans lequel la routine et la fadeur du quotidien plongent les hommes en développant au contraire leur potentiel créatif. Lors de la crise du coronavirus, les sociologues Marco Martiniello et Alessandro Mazzola constatent la place prise par la musique chez les populations confinées et relient cette modification comportementale au rôle affectif de la musique. Dans « La musique adoucit-elle le confinement ? » paru le 5 avril 2020 sur le média en ligne The Conversation, les deux universitaires évoquent les nombreux amateurs qui ont joué d’un instrument pour échapper au stress, et les célèbres professionnels qui se sont enregistrés chez eux pour partager leur musique et distraire leurs concitoyens de leur angoisse.                                                                Mais il importe de rappeler le rôle spécifique de la musique d’un point de vue thérapeutique. Dans une introduction à un dossier proposé par la radio France Musique le 5 juillet 2016 et intitulé « La musicothérapie : la connaissons-nous vraiment ? », le neuropsychologue Hervé Platel explique que la musique, parce qu’elle est une forme de communication non verbale, apaise les souffrances physiques et psychiques. En stimulant les fonctions cognitives, elle aide à soigner des troubles neurologiques ou psychologiques ; la musicothérapie retarde même, comme il le souligne, les effets d’Alzheimer en réactivant les capacités résiduelles de la mémoire. Cet apaisement des souffrances psychiques est aussi signalé par les trois chercheurs en psychologie cognitive. Après avoir montré le lien entre la musique et nos émotions profondes, nous allons voir comment cette dernière nous transforme individuellement et collectivement.

Si elle participe au rétablissement de certains malades, c’est que la musique, écoutée ou pratiquée, exerce une véritable action transformatrice sur les individus et, à plus grande échelle, sur les sociétés qu’ils forment. Elle permet en premier lieu d’« arracher magiquement l’homme à lui-même ». Cette expression de V. Jankélévitch signifie qu’elle a le pouvoir de le soustraire au poids des déterminismes physiologiques et psychiques. A. Moussard, F. Rochette et E. Bigand énumèrent de nombreuses données qui montrent que l’écoute et la pratique musicales ont un impact positif sur le fonctionnement du cerveau. Ainsi les sons stimulent-ils considérablement notre perception de l’espace autant que notre conscience du temps. H. Platel rappelle également les bienfaits de la musique sur le comportement : relaxation, meilleure attention et mémorisation. Alors que la vie ordinaire suscite bien souvent malaise, insatisfaction, angoisse, la musique telle que la définit Vladimir Jankélévitch transfigure l’homme en le détournant du fardeau de sa condition.                     C’est aussi parce qu’elle nous fait échapper à la pesanteur de la vie que la musique est capable de donner du sens à nos existences individuelles et collectives. M. Martiniello et A. Mazzola insistent à cet égard sur la fonction expressive de la musique et sur sa dimension engagée : ils évoquent combien le blues a permis l’émancipation sociale. Selon ces auteurs, cette fonction de témoignage de la musique joue un rôle social clé : elle est un vecteur de rassemblement et de cohésion. Comme le remarque également V. Jankélévitch, la musique crée du lien : auditeur et créateur participent dans une même communion. Ainsi, dans le contexte du coronavirus étudié par les deux universitaires, elle permet aux participants d’exercer un rôle positif sur la société, soit en véhiculant des messages encourageants, soit en exprimant des critiques, notamment à l’égard des gouvernants.                                                                                                 Enfin, il ressort de ce corpus que la musique permet de réenchanter le quotidien. Pour H. Platel, les effets positifs de la musicothérapie sont le prélude à une autre approche de l’identité de la personne : quand le lien social diminue, notamment chez les autistes ou dans le cadre des maladies neurodégénératives, la musicothérapie permet de valoriser le potentiel culturel. Cette resocialisation grâce à la musique est également soulignée par M. Martiniello et A. Mazzola : en plein confinement, la musique a permis de mobiliser une chaîne de solidarité intergénérationnelle. Dans un monde en crise, la musique apparaît ainsi comme un guide de survie, apte à cimenter l’édifice social. Mais il revient au philosophe V. Jankélévitch d’avoir souligné cet « enchantement » que procure la musique : dans un monde qui aliène l’individu à une temporalité oppressante, la musique est au contraire une « temporalité enchantée », sorte d’utopie d’un monde meilleur. Les auteurs de ce corpus ont donc unanimement prouvé combien la musique nous métamorphose.

 

L’étude du corpus a donc montré l’importance de la musique pour mieux appréhender les émotions ainsi que les processus cognitifs. Mais, comme l’ont souligné tous les auteurs, l’impact de la musique est également essentiel du point de vue du bien-être psychosocial

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