mercredi 28 avril 2021

La musique des étudiant.e.s : le choix de Pastelle

 

Comme le dit si bien Pastelle, « peut-être que la procrastination n’est pas un défaut mais une liberté d’esprit dans un monde où il faut tout faire immédiatement. »

J’essaye, j’essaye, Orelsan

Pour ce travail où il est demandé d’écrire sur une chanson qui nous a touchée, j’ai choisi J’essaye, j’essaye d'Orelsan et de sa grand-mère, Janine.

Dans un premier temps je ferai une présentation d’Orelsan et de son duo avec Gringe: les Casseurs Flowters, ensuite, je parlerai du film qu’ils ont réalisé tous les deux et dont la chanson est tirée et, pour finir, j’expliquerai pourquoi j’ai choisi cette chanson.

Orelsan, de son vrai nom, Aurélien Cotentin a grandi à Alençon, dans l’Orne. Son père est directeur de collège et sa mère est institutrice. Très jeune, il commence à s’intéresser au rap. En 1998, sa famille déménage à Caen, Aurélien a alors 16 ans. Il obtient un baccalauréat économique et social, spécialité anglais au lycée Victor Hugo de Caen. Puis, il intègre l’Ecole de Management de Normandie où il rencontre en 2000 le producteur de musique Skread (qui composera notamment pour Diam’s, Booba, Rohff ou Nessbeal). Il passe l’année scolaire 2004/2005 à Tampa en tant qu’étudiant à l’Université de Floride du Sud. A Caen, il rencontre Gringe, originaire de Cergy et arrivé en 2000 en Normandie avec ses parents. Comme Gringe rappe également, il décide de former un duo: les Casseurs Flowters.

Les débuts musicaux d’Orelsan se font de 2002 à 2008, il décide de choisir Orelsan comme nom de scène car “Orel” est le diminutif de son prénom, Aurélien. Il signifie aussi Opérationnel, Rationnel, Exceptionnel comme dit dans sa musique 14 grammes de bordel et de “-san” qui est un suffixe japonais de cordialité utilisé à l’oral. En 2002, les Casseurs Flowters sortent une mixtape et apparaissent également sur des morceaux de différentes compilations de rap. A son retour des Etats-Unis, Orelsan s’essaye à plusieurs petits boulots, notamment celui de gardien de nuit dans un hôtel dont il parlera dans plusieurs de ses textes et dans le film Comment c’est loin. En août 2006, il poste sur Youtube son premier clip amateur: Ramen.

En 2008, le label 3ème bureau lui propose de produire son album en collaboration avec 7th Magnitude, label de Skread et Ablaye. Durant l’été 2008, il connaît une certaine médiatisation. Orelsan publie son premier album, Perdu d’avance, le 16 février 2009. Les instrumentaux sont composés par Skread. Sur le site web du Printemps de Bourges, la présentation du rappeur annoncé en avril 2009 exprime son positionnement volontairement provocateur: “Revendiquant ses quatorze ans d’âge mental, ses humeurs de cancre assis au fond de la classe et son mental de puceau frustré, Orelsan a tout pour agacer les bien-pensants.”

Fin 2009, il est nommé au concours des révélations françaises du prix Constantin. En même temps, il est élu par les Internautes comme étant le “meilleur artiste français de l’année” pour représenter la France aux MTV Europe Music Awards. En fin mai 2011, il publie Raelsan, le premier clip extrait de son nouvel album qui sort le 26 septembre 2011: Le Chant des sirènes. Un mois après sa sortie, jour pour jour, Le Chant des sirènes devient disque d’or.

En 2012, Orelsan remporte deux Victoires de la musique: la première dans la catégorie “Album rap et musiques urbaines de l’année” pour l’album Le Chant des sirènes, la seconde, dans la catégorie “groupe ou artiste révélation du public”. Entre 2013 et 2016, il se consacre aux Casseurs Flowters. A la rentrée 2015, il participe au programme court Bloqués aux côtés de Gringe. La série est diffusée sur Canal +, a été imaginée par Kyan Khojandi et Bruno Muschio et met en scène “deux mecs qui discutent assis sur un canapé, en attendant qu’il se passe quelque chose, ils ont décidé de ne rienfaire.” Orelsan exerce également une activité de comédien de doublage pour l’animé One Punch Man et le long métrage français Mutafukaz de Guillaume Renard.

Le 20 septembre 2017, six ans après son dernier album solo, Orelsan dévoile sur Youtube le clip du titre Basique. Un mois après, pile, il publie son nouvel album solo intitulé La fête est finie. Un mois après, l’album est certifié double disque de platine. En novembre 2015, Orelsan réédite La fête est finie avec onze nouvelles chansons sous le titre La fête est finie Epilogue. S’en suit une longue tournée dont les évènements sont relatés sur la chaîne Youtube de l’artiste sous forme de mini-série.

Depuis 2020 le rappeur se retire des réseaux sociaux. De la même manière que pour la préparation de son troisième album, il se met à l’écart de la scène musicale et se concentre sur ses projets de vie de famille. En bref, Orelsan tourne son statut de rappeur blanc, de classe moyenne et originaire de Province à l’auto dérision. Ainsi, il pratique la provocation avec minutie. Il sait néanmoins adopter un ton sérieux: la dépression et le sentiment de mal être éprouvés par la jeune génération font partie des thèmes de prédilection, tout comme le quotidien (jeux vidéo, internet, télévision…), les relations amoureuses…

Du côté des Casseurs Flowters, Orelsan et Gringe (Guillaume Tranchant) ont, comme dit précédemment, sortis une mixtape en 2003: Fantasy- Episode 1. Leur nom de groupe, inspiré du film Maman, j’ai raté l’avion, apparaîtra peu de temps après. En 2007, ils connaissent leur premier succès populaire grâce à leur chanson Saint Valentin. Le groupe décide ensuite d’arrêter le rap pendant quelques années, durant lesquelles Orelsan poursuit sa carrière en solitaire avec deux albums. Leur premier album Orelsan et Gringe sont les Casseurs Flowters est publié le 18 novembre 2013, en numérique et en CD. Il est très vite encensé par la critique, surtout pour sa construction spécifique. En effet, l’album se veut album-concept puisqu’il raconte une seule et même histoire scénarisée (l’autobiographie romancée du duo) et rythmée par des interludes parlées et mises en scènes entre chaque morceau. En 2015, comme dit précédemment, sort la mini série Bloqués, réalisée par les co-auteurs de la mini série Bref. Le 9 décembre 2015 sort Comment c’est loin, le premier film réalisé par Orelsan et Christophe Offenstein. Ce film s’accompagne d’un nouvel album Comment c’est loin, qui n’est autre que la bande originale accompagnée de quelques morceaux additionnels. Le beatmaker Skread participe à la composition des musiques.

Parlons maintenant plus en détails du film Comment c’est loin car la chanson que j’ai choisie est tirée du film et vous comprendrez certainement mieux mon choix suite à cela. Le synopsis du film est “Après une dizaine d’années de non-productivité, Orel et Gringe, la trentaine, galèrent à écrire leur premier album de rap. Leurs textes, truffés de blagues de mauvais goût et de références alambiquées, évoquent leur quotidien dans une ville moyenne de Province. Le problème: impossible de terminer une chanson. A l’issue d’une séance houleuse avec leurs producteurs. ils sont au pied du mur: ils ont 24h pour sortir une chanson digne de ce nom. Leurs vieux démons, la peur de l'échec, la procrastination, les potes envahissants, les problèmes de couple etc viendront se mettre en travers de leur chemin.”

 

J’ai adoré ce film, les réalisateurs ont réussi à retranscrire le quotidien de deux trentenaires qui n’ont pas grandi, qui ont un travail qui ne leur plait pas, qui font beaucoup d’humour noir, qui n’ont pas trouvé de sens à leur vie, qui n’arrivent pas à quitter leurs copines pour qui ils n’éprouvent plus aucun sentiments…Comme Orelsan et Gringe ont passé une grande partie de leur vie à Caen, ils ont décidé de tourner le film dans les alentours. Cela augmente la sensation d’ennui ressenti dans le film ainsi que le fait qu’il n’ait pas été tourné dans beaucoup d’endroits, c’est à dire qu’on aperçoit les acteurs principaux toujours dans les mêmes lieux (leur maison, à l’hôtel où travaille Orelsan, un arrêt de bus, un magasin, un bar et dans quelques lieux en plein air de la ville). On arrive vraiment à se rendre compte de la vie que menaient Orelsan et Gringe lorsqu’ils habitaient encore à Caen, c’est à dire une vie monotone. Le fait que le duo n’ait que 24 heures pour sortir une nouvelle chanson alors qu’ils n’en ont pas sorti une seule depuis des années les pousse à remettre leur mode de vie en question en peu de temps. Il se rendent alors compte de tous les problèmes présents dans leur vie et décident de les régler, non sans difficultés, dans le temps imparti. On voit alors s’afficher de temps en temps l’heure qu’il est sur l’écran afin de comprendre où ils en sont et combien de temps il leur reste. Pendant tout le film, le spectateur a envie qu’ils réussissent à écrire leur chanson mais, plus le temps passe, plus c’est difficile d’y croire car ils procrastinent, perdent du temps, se querellent, ont la flemme et s’éloignent souvent de leur objectif. Par exemple, le soir, au lieu de rester au studio qui est situé dans le sous-sol de leur maison, ils décident de sortir avec leurs amis dans un bar “boire juste un verre” qui se transforment, évidemment, en plusieurs verres. De plus, on rencontre plusieurs personnes qui font partie de leur vie et qui les aident ou non dans leur mission. Notamment, nous voyons le père d’Orelsan qui ne comprend pas pourquoi, à presque 30 ans, son fils n’a pas grandi après avoir trouvé Orelsan allongé dans l’herbe parce qu’il avait trop bu, dès le matin. Nous assistons donc à une scène où le père d’Orelsan lui hurle dessus comme s’il était encore adolescent. Dans cette scène, nous pouvons écouter la chanson Quand ton père t’engueule car le film est coupé par beaucoup de chansons des Casseurs Flowters créées spécialement pour le film. Nous voyons également Janine, la grand-mère d’Orelsan. Elle est beaucoup plus compatissante vis à vis de son petit fils et est très marrante. Elle le soutient et croit en sa musique. Dans la scène où elle apparaît, elle chante une chanson avec Orelsan, c’est la chanson dont nous parlerons après. Nous rencontrons le patron de l’hôtel où travaille Orelsan, c’est un personnage peu plaisant, qui est présenté comme raciste, peu marrant et qui traite mal ses employés. Il n’arrive même pas à se souvenir du prénom d’Orelsan. Aurélien va à l’encontre de ses principes en travaillant pour lui. Nous apercevons aussi Claude qui est un ami un peu déjanté d'Orelsan et Gringe, c’est un loser aussi, au final, mais lui, s’est fait une raison et a décidé d’essayer d’être heureux grâce à son humour même si sa vie ne fait pas rêver. Il ne croit pas en Orelsan et Gringe et leur conseille d’arrêter la musique et de se faire une raison, comme lui l’a fait. On voit aussi la copine d’Orelsan qui vient d’une famille de bourgeois qui n’apprécie pas beaucoup Orelsan. Même si elle l’aime, elle se rend compte qu’il n’a pas grandi et qu’il ne tient pas ses promesses sur le fait qu’il va changer et se rattraper. Lui, se rend compte qu’il s’ennuie avec elle et qu’il n’a même pas assez de courage pour la quitter. Gringe est un peu dans la même situation amoureuse qu’Orelsan. Au moment du film où nous pensons qu’ils vont abandonner car il n’y a pas de résultat dans l’avancée de la chanson et qu’Orelsan et Gringe se sont querellés, Orelsan rencontre un fan du duo (qui est resté fan d’eux même pendant toutes les années où ils n’ont pas sorti une seule chanson), cet homme, certes pas très net, redonne de l’espoir à Orelsan et lui apporte un déclic. Tout cet entourage qui ne fait que de leur dire de grandir et de se ressaisir est assez angoissant, on comprend que le duo ne sait pas comment arriver à satisfaire les attentes de leurs proches, même si ce n’est pas l’envie qui leur manque. Le personnage qui redonne espoir à Orelsan est l’un des seuls personnages qui croient en eux et, en fait, on peut se rendrecompte qu’il leur suffisait juste que quelqu’un croit en eux, alors qu’ils se sont fait rabaisser pendant tout le film. Donc, à quelques minutes du temps qu’il leur était imposé pour écrire leur nouvelle chanson, ils écrivent et enregistrent le titre Inachevés. Dans ce titre, ils arrivent à afficher tous leurs défauts et toutes leurs faiblesses. Pour ce travail, j’ai hésité à choisir ce morceau qui traite à peu près des mêmes thèmes que celle que j’ai choisie mais J’essaye, j’essaye a remporté mes faveurs. Je vous invite cependant à regarder le film et à écouter le morceau Inachevés, point final du film. La présentation d’Orelsan et de Gringe, ainsi que la présentation du film ont été, peut-être, été un peu longues mais je voulais que vous vous rendiez bien compte de tout l’univers qui est autour de la chanson que je vais vous présenter. J’essaye, j’essaye est donc une chanson d’Orelsan, le refrain est chanté par sa grand-mère, Janine. Elle fait partie des deux chansons en solo d’Orelsan avec Quand ton père t'engueule dans Comment c’est loin. Ce morceau m’a touché car, tout d’abord, c’est assez rare que des rappeurs fassent des chansons avec des femmes et encore plus avec leur grand-mère. J’ai trouvé cela beau qu’il la mette en avant, qu’elle soit présente dans le film et dans le clip de la chanson. En parlant du clip, je l’ai beaucoup aimé, certes, il est simple mais vu qu’il a été tourné à Caen, il doit rappeler à Orelsan les moments où il voyait sa grand-mère quand il était petit. De plus, il est en noir et blanc comme pour donner un côté vieilli et nostalique au clip. Cela peut aussi rappeler la différence générationnelle qu’il y a entre lui et sa grand-mère. Les paroles me font penser que même si Janine est désormais une personne âgée, elle ressent les mêmes sentiments que son petit-fils.

Comme à l’habitude d’Orelsan, le morceau parle de routine, d’ennui et du fait qu’il n’ait toujours pas grandi. Je trouve ça joli que sa grand-mère ne le rabaisse pas à ce sujet, alors que beaucoup l’ont fait. Je me suis beaucoup reconnue dans les paroles de cette chanson, c’est pour cela qu’elle m’a touché. Je connais ce sentiment d’être encore pris pour un enfant et la flemme accompagnée de la procrastination font partie intégrante de ma vie. De plus, j’ai toujours habité à la campagne: dans la Beauce, puis en Bretagne où la grisaille est très présente comme à Caen. “on fait des tours en villes, des tours à la Fnac/ en bref on tourne en rond” sont des paroles qui m’ont fait penser à ma vie à la campagne. Ce qui m’a aussi fait penser à cette vie-là c’est le fait que, comme il n’y a pas beaucoup de gens là-bas, il est fréquent d’avoir une bande d’amis avec qui nous avons grandi et avec qui nous passons des années, à toujours faire les mêmes choses, comme par exemple, aller toujours dans les mêmes soirées où nous savons d’avance que nous allons nous ennuyer, mais, il n’y a rien d’autre à faire “des fois je sors dans des boîtes pourries où je rêve de tabasser le DJ”. Je fais aussi partie de la classe moyenne et, comme Orelsan, je souhaite m’élever au dessus de mes parents avec toujours la peur de ne pas y arriver. Mais, grandir et travailler ne me font pas rêver, les personnes qui travaillent autour de moi ne me semblent pas épanouies et heureuses, je les sens user. Ils doivent même souvent aller à l’encontre de leurs principes: “pendant que mon patron me pousse à souiller tous mes principes/ mais c’est mon job, je passe l’éponge”. Je les sens aussi tiraillées entre leur vie de famille et leur travail. La vie de famille ne m’attire pas non plus.

Comme Orelsan le dit “la plupart des choses dont rêvent les gens d’ici me feraient mourir d’ennui”. Je ressens comme lui la pression de mon entourage, que ce soit mon entourage social ou bien familial. Je peux par exemple citer “Tout le monde dit que je finirai par changer, j’ai du mal à comprendre comment ils peuvent y croire/ alors que je suis même pas capable de changer une ampoule, ça fait 6 mois que je pisse dans le noir”.

Peut-être que, la procrastination n’est pas un défaut mais une liberté d’esprit dans un monde où il faut tout faire immédiatement, sans laisser le temps au temps. Je pense qu’il serait bien de pouvoir faire les choses quand on en a envie et qu’on a le temps de les faire. Évidemment, tout comme Orelsan, la procrastination m’angoisse. Je comprends aussi très bien la phrase “je m’ennuie quand tout devient sérieux”. Les gens pensent que le fait d’être encore “enfantin” fait que je n’écoute pas les remarques des gens qui m’entourent mais, en réalité, comme le dit Orelsan “je fais semblant d’écouter personne, mais c’est seulement que j’ai peur de ce qu’ils disent de moi”. J’ai souvent ressenti le fait que je me voile la face quand je me dis que j’ai fait de mon mieux, que ce soit au niveau des études, de mes relations etc “je mens surtout à moi-même quand je répète que j’essaye, que j’essaye de faire de mon mieux”.

Lien de la chanson J’essaye, j’essaye: https://youtu.be/tOq65m0gc5g

Inachevés: https://youtu.be/MW1eQZ_PEb4

 Quand ton père t’engueule: https://youtu.be/StYxCnt3urc

 

Basique : https://www.youtube.com/watch?v=2bjk26RwjyU

Orelsan : une vidéo pas si « basique »

22/08/2018 - par Alexis LE MEUR

Le clip d’Orelsan « Basique », sorti en septembre, a fait sensation avec des millions de vues en quelques heures. Une performance artistique ? Pas seulement puisque le natif d’Alençon l’a transformée en produit marketing.

[Cet article est issu du n°1931 de Stratégies, daté du 4 janvier 2018]

Le clip a marqué cette rentrée musicale. Plus de 3 millions de vues en quelques heures sur YouTube, et voici Orelsan en tête de toutes les tendances sur les réseaux sociaux. Le clip du morceau Basique, issu du nouvel opus de l’artiste normand sorti en octobre, a été réalisé par Greg & Lio (Gregory Ohrel et Lionel Hirlé) de HK Corp. Les deux compères se sont notamment fait connaître grâce à une Victoire de la musique remportée en 2017 avec Jain pour son tube Makeba.

« La relation avec Orel’ [surnom d’Orelsan] a débuté il y a deux ans. C’est lui qui voulait nous rencontrer pour réaliser un clip de son album avec les Casseurs Flowters », déclare Gregory Ohrel ajoutant qu’« il nous a contactés en amont de son nouveau projet pour lui proposer des idées ». Résultat ? Un plan séquence de 2,43 minutes, dans un décor surréaliste, qui dévoile la date de sortie du nouvel album. Un véritable coup de créatif.

Le lieu parfait

Grue en arrière-plan, blocs de béton, graffitis, le début du clip rappelle une zone industrielle désaffectée. Il s'agit en fait d'un pont en construction situé en Ukraine, à Kiev, au-dessus du Dniepr. Un endroit bien connu de nos réalisateurs. Selon Lionel Hirlé : « Nous avions déjà tourné sur ce pont mais seulement de nuit. Du coup, quand la prod nous l’a reproposé, on a trouvé ça intéressant de l’exploiter de jour. »
Un seul plan, de presque 3 minutes, sur lequel on observe l'Alençonnais remonter le pont, entouré d’une haie d’honneur formée par des figurants, tous ukrainiens. Lionel Hirlé explique cette organisation car « le morceau faisait penser à une marche militaire, nous avons donc puisé l’inspiration dans une œuvre comme Full Metal Jacket ». Plus de 350 personnes participent à ce ballet réglé au millimètre.
Le tournage aura pris deux jours et deux plans majeurs ressortent du lot. « Nous avons fait une première répétition jusqu’à la pause déjeuner avec seulement 30 figurants, puis commencé à tourner vers 15h », annonce Gregory Ohrel, alors que les deux amis voulaient « les 300 figurants pour les deux jours », chose impossible pour cause de « restrictions budgétaires ». Un mal pour un bien, d’après Lionel Hirlé : « Pour une question de nombre, il a été beaucoup plus facile de procéder avec des chefs de file pour les répétitions plutôt qu’avec l’effectif au complet. »

À la frontière de l’art et de la pub

Les deux camarades réalisent un coup de maître en dévoilant, à la fin de la vidéo et grâce au positionnement des figurants, la date précise du futur album à paraître, un mois avant sa commercialisation. Nous sommes alors le 20 septembre et l'album La fête est finie est prévu pour le 21 du mois suivant. « Au départ, nous voulions juste écrire le titre de la chanson mais lors de la dernière réunion avec Orel' et Skread [son producteur] ils nous ont demandé de former la date au sol », avoue Gregory Ohrel. Le clip se mue alors en création publicitaire, à la manière de l’annonce faite par le rappeur américain Eminem d’un nouvel album en octobre dernier, le tout caché dans une fausse publicité.
Les deux réalisateurs ne sont pas coutumiers du fait, précisant « ne pas vouloir faire ce genre de clip pour le principe, mais bien avec un vrai concept derrière, en y cachant des indices et des clins d’œil ». La vidéo regorge de références à destination des fans du chanteur. Pour le producteur et fondateur d’HK Corp, John Gitlis : « La fusion entre artiste musique et créatif image a été parfaitement orchestrée et l’émulation entre toutes les parties a été réelle. Nous avons lancé, tourné et livré le clip en seulement 10 jours. » De quoi donner des idées au monde la publicité ?

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