Le télétravail est nécessaire, mais attention :
il implique une déshumanisation Par Rémi Noyon
Publié le 19 mars 2020
Comment le confinement bouleverse-t-il notre conception
du travail ? Nous avons posé la question à la sociologue Béatrice Hibou.
L’OBS. Que nous apprend le confinement sur notre rapport au
travail ?
Béatrice Hibou. Les événements sont encore trop frais pour que l’on puisse avoir un
véritable raisonnement sociologique, mais l’on peut dégager quelques pistes de
réflexion, notamment autour du télétravail. Prenons le milieu de l’enseignement
supérieur qui est le mien. Depuis des années, nous vivons dans une tension
entre, d’une part, une logique bureaucratique, et, d’autre part, une logique de
« métier ». La première vise à la dématérialisation avec la mise en place de
Mooc, des plateformes, d’applications, etc., et s’accompagne d’une réduction
des effectifs et des moyens de travail. La seconde conçoit l’enseignement non
comme la simple dispensation de contenus, mais comme un apprentissage qui ne
peut se passer d’une présence enseignante, d’une présence physique. Aujourd’hui,
cette crise est en train de se transformer en une sorte de crash-test.
Va-t-elle accélérer la numérisation ? Ou bien, une fois les restrictions
levées, va-t-on considérer l’évidence que « télé-enseigner », ce
n’est pas enseigner ?
Pour vous, cette crise pourrait-elle nous faire basculer dans un monde
encore plus numérisé ?
Ce qui est envisageable en situation de crise
sanitaire comme aujourd’hui, par la force des choses, sur un temps court, ne
peut être une solution pérenne. A l’école ou à l’université, le contact est
fondamental.
https://www.nouvelobs.com/idees/20200319.OBS26309/espererons-que-cette-crise-sera-l-occasion-de-revaloriser-les-petites-mains-du-capitalisme.html
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