dimanche 29 mars 2020

DECOUVRIR Nostalghia, film du réalisateur russe Andreï Tarkovski






Monde perdu : deux femmes, une jeune fille, un jeune garçon, un chien et un cheval dans la brume. 

C'est Nostalghia, film réalisé en par le réalisateur russe, Andreï Tarkovski. La « nostalghia » russe n’a rien à voir avec son équivalent français, la nostalgie. Elle est plus proche de la « saudade » portugaise, avec l’effroi en plus. Celui qui est atteint de « nostalghia » se sent la proie d’une angoisse tenace et dévastatrice… 

Cette douleur fatale est au cœur de l’avant dernier film d’Andrei Tarkovski. Il le tourne en 1983, en Italie, contraint à l’exil, loin des siens, par le gouvernement soviétique qui ne fait que le harceler. En crise, il erre dans ce pays où il a trouvé refuge, mais dont les beautés mêmes lui sont devenues insupportables. Il n’y est pas à sa place - d’ailleurs, il n’a plus de place nulle part. Andrei (le héros de Nostalghia, s’appelle comme le cinéaste qui le met en scène) arpente les terres italiennes. 

Le film impose au spectateur son rythme lent, son atmosphère froide et triste. L’Italie, terre de la Renaissance, des arts, patrimoine culturel immense et millénaire, pays chaud par son climat et sa culture, perd ici toute sa saveur. Murs gris, brouillard, pluie, humidité, tout est gris, froid, presque inquiétant. L’homme et le cinéaste, si loin de leur Russie natale, sont incapables de s’extirper de cette torpeur nostalgique qui les emprisonne et leur fait perdre le goût de la vie. 

Nostalghia ne cherche pas simplement à nous faire voir la nostalgie d’Andrei, mais surtout à la partager et à nous la faire vivre et ressentir. Tout ce qui faisait la beauté de la Russie est resté en Russie, et tout ce qui en est extérieur et présent, cette Italie de l’errance, n’a aucune saveur. Le fantôme du pays perdu plane au-dessus, comme un brouillard venant cacher les murs de villages pittoresques, d’ordinaire si vivants. La solitude et la lassitude sont les seuls compagnons d’Andrei dans cet exil dont il comprend qu’il ne pourra jamais revenir.


En voir un extrait :
 

MusiqueJohann Sebastian Bach (1685-1750) Le Clavier bien tempéré Premier livre / Das wohltemperierte Klavier Erster Teil / The Well-Tempered Clavier First Book . Au Piano : Sviatoslav Richter


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