Le monde chez soi
Notre horizon s’est brutalement rétréci, limité aux quatre murs de notre
logement. Mais il y a beaucoup de choses à apprendre de nos intérieurs.
L’érudit américain Bill Bryson donne l’exemple dans Une histoire du
monde sans sortir de chez moi.
Déambulant chez lui de pièce en pièce, il explore la vie domestique de
l’âge de pierre à nos jours, racontant l’histoire de multiples inventions
et présentant une galerie de personnages, de la reine à la femme de ménage.
Il vit dans un presbytère du XIXe siècle dans la campagne anglaise, une
belle maison ayant sa propre histoire. Mais Bryson ne se contente pas de
dévoiler les étranges plans dessinés par l’architecte de sa grande demeure
ou de deviser sur le réfrigérateur quand il entre dans la cuisine. Non, il
rend son récit surprenant.
Dans le bureau, pièce chez lui peu utilisée car sombre, froide et appréciée
des rongeurs, il oublie livres et bibliothèques pour présenter le forgeron
James Henry Atkinson réputé être l’inventeur de la souricière, et expliquer
que la souris domestique peut vivre dans un congélateur à -10° ou se
faufiler dans des ouvertures de moins d’un centimètre de large. Dans le
dressing, remarquant l’inutilité des boutons sur les manches de ses vestes,
il rappelle l’engouement de la mode du XVIIe siècle pour ce petit
accessoire. Ces apparentes digressions lui permettent d’affirmer que chaque
pièce, chaque objet même trivial est une porte sur l’histoire du monde,
qu’elle soit sociale, économique, politique ou religieuse.
Prenez la cheminée. Elle ne se démocratise qu’au XIVe siècle. Avant, les
maisons étaient chauffées par un foyer central ouvert qui nécessitait de
laisser une grande partie du toit découverte. Avec la cheminée, il
est refermé et l’espace sous la toiture peut être utilisé. L’aménagement de
cet étage supplémentaire offre progressivement la possibilité à chacun
d’avoir un espace à soi. Il est, assure Bryson, le point de départ du
concept de vie privée.
|
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire