mardi 31 mars 2020

Penser à partir de l'Actu avec le danseur Hugo Marchand

Penser à partir de l'Actu avec le danseur Hugo Marchand


Hugo Marchand : "Rester en forme pour danser, c'est ma responsabilité"

Au menu du confinement pour le danseur étoile : discipline, pompes et pensées positives. Le but : en sortir grandi et prêt pour remonter sur scène. Pour nous.

Hugo Marchand, septembre 2019 • Crédits : Matthew Brookes, Opéra de Paris
 
"I already miss dancing "(la danse me manque déjà). C’est ce qu’écrit Hugo Marchand le 20 mars sur Instagram (@humarchand). Au-dessus de la légende, on le voit danser, collants bleus, dans le lac des Cygnes, sur la scène de l’Opéra Bastille. Nous étions alors au Jour 4 du confinement. Nous sommes au jour 15 et le danseur étoile, 26 ans, accro depuis qu’il en a 9, continue de publier des souvenirs. Il lui faut sa dose. De dopamine et de mouvement : “Comme on a besoin de manger, de dormir ou de boire, moi j'ai besoin de danser (…) C’est un outil, une manière de s'exprimer qu'on n'a plus et on ne libère pas du tout les mêmes hormones. On a ce manque physique qui est très présent et qu'on essaye de palier en faisant d'autres choses mais ce n’est pas facile”. Impossible, même.

"Je n'ai pas envie de me dire que j'ai passé deux mois à ne rien faire". @humarchand

Avant le confinement, Hugo Marchand, nommé danseur étoile il y a 3 ans, enchainait parfois entrainements, répétitions et spectacle jusqu’à 7 heures par jour. 
Aujourd’hui, enfermé à Biarritz avec son mètre quatre-vingt douze et sa paire de chaussons, rien à voir : “Je ne peux pas sauter, je ne peux pas tourner parce que je n'ai pas de sols adéquates pour le faire et puis je n'ai pas de place”. Alors il tente de “limiter les dégâts” en s’imposant ce qui fait son quotidien depuis plus de quinze ans : une routine. Dix heures et demi, étirements. Onze heures, “une barre” en visioconférence sur sa tablette, en groupe avec un prof, “on arrive à retrouver une ambiance de classe”. 

Le jour où nous l'interrogeons, il rentre d’un jogging de quarante minutes, nous parle aussi d’abdominaux et de pompes, “j'en suis à trois séries de quinze par jour” et ne compte pas en rester là : “Chaque jour, on fait un peu plus pour essayer toujours d'avoir un objectif, de l’atteindre, d'en être content, d'en être fier et d'avoir un nouvel objectif pour le lendemain. Moi, c'est ça qui me rassure (…) Ça libère aussi des hormones positives et c'est une manière de garder la pêche, de garder un état d'esprit combatif et fort (…) Se dire qu'à la fin de ce confinement je vais avoir compris d'autres choses sur mon corps. Continuer à le faire travailler. C’est rassurant”. 

Se rassurer. Une mission pour Hugo Marchand pendant cet enfermement inédit. Pour “ne pas repartir de trop loin” ni se blesser une fois la liberté retrouvée : “Si on ne fait vraiment rien pendant un mois et demi, deux mois, physiquement on prend vraiment des risques au retour. C'est aussi une manière d'anticiper la reprise”. 

Prévoyant et concerné : “Je me dis surtout que les gens vont avoir besoin d'aller au spectacle après cette période compliquée, difficile. Ils vont avoir besoin de se changer la tête, de voir de la danse, d’aller au concert. J’ai l'impression d’avoir une forme de responsabilité par rapport aux autres, c'est un peu bizarre de penser comme ça mais je pense que c'est important (…) Le plus on arrive à rester en forme, le plus vite on va réussir à remonter sur scène, le plus vite les spectacles pourront reprendre, le plus vite les gens pourront rêver de nouveau !”

Quant à ce qui se passe dehors, évidemment, l'artiste sait : “Tout le monde est stressé, tout le monde est anxieux, tout le monde a peur (…) On a un peu l'impression que tout se retourne contre l’humanité”. Mais les infos trop anxiogènes, il les l’évite, “si on commence à compter le nombre de morts par jour et puis à se morfondre sur notre situation, ça va être terrible”. Il s’emploie plutôt à ne retenir que "le positif" pour garder “une tête saine”. Comme l’air plus pur à Pékin ou l’eau plus claire à Venise. L’occasion, pourquoi pas, il l’espère en tout cas, “qu’une grande conscience écologique se mette en place”. 

Ecouter des podcasts de méditation aussi, lire (dans sa valise il a notamment embarqué un bouquin d’Edouard Louis, un autre de Laurent Gaudé), réécouter ou revoir des chefs-d’oeuvre. S’attarder “sur ce que l'humanité peut faire de plus beau”. 

Faire, finalement, de la contrainte, une liberté : “Je crois que c'est rassurant de se dire que ce temps mort, il faut essayer de le mettre à profit. Continuer à progresser, continuer à grandir, que ce soit physiquement, que ce soit intellectuellement, pour ne pas se réveiller dans six semaines ou deux mois et demi en se disant ”Merde, j'ai perdu 2 mois de ma vie à rien faire” ”. 

https://www.franceculture.fr/emissions/confinement-votre/hugo-marchand-rester-en-forme-cest-ma-responsabilite

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