Comment la « fast fashion » menace l’environnement
Entre 2000 et 2010, le nombre de vêtements
vendus chaque année dans le monde a doublé. Aujourd’hui, ce chiffre atteint
100 milliards. En 2014, un Américain moyen s’est débarrassé d’un peu
plus de 36 kg de vêtements. Ceux-ci ont en moyenne été portés sept fois
avant d’être jetés. Ce sont ces chiffres accablants qu’égraine la
journaliste américaine Dana Thomas dans son essai intitulé Fashionopolis.
Son projet est triple : retracer l’histoire de l’industrie du textile,
depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours ; pointer les dérives
de la « mode éphémère » (fast fashion en anglais) ;
mettre en lumière les alternatives proposées par les tenants d’une
confection textile plus responsable.
« Thomas parvient à attirer l’attention
sur les principaux problèmes posés par cette industrie qui génère 2,4
billions de dollars par an. Et elle le fait d’une façon susceptible
d’intéresser non seulement les professionnels du secteur mais aussi ceux
qui se préoccupent d’économie, de droits de l’homme et de politiques
écologiques » observe la journaliste Tatiana Schlossberg dans The New York Times. Thomas s’est rendue dans les sweatshops du
Bangladesh et dans les usines du Xinjiang, cette région de la Chine que
l’on surnomme « la capitale mondiale du jeans ». Si des
enseignes comme Zara ou H&M se targuent d’afficher des prix défiant
toute concurrence, celui payé par la planète est exorbitant, souligne
l’auteure. L’industrie textile serait responsable de près de 20 % de la
pollution de l’eau dans le monde et de 10 % des émissions totales de CO2,
précise-t-elle.
Face à un tel gaspillage de nos ressources
naturelles, Thomas plaide pour l’adoption d’un modèle basé sur le
concept d’économie circulaire. Recyclage et réutilisation : nos
vieux vêtements doivent pouvoir trouver une seconde vie. Une solution que
certains jugent peu satisfaisante : « J’aurais aimé que Thomas arrête
de tourner autour du pot et propose une série de mesures à mettre en place.
Qu’elle déclare qu’il devrait y avoir des lois interdisant de piller ainsi
la planète. En mettant l’accent sur le changement des comportements
individuels, Thomas laisse les patrons des industries textiles les plus
nuisibles s’en tirer à bon compte », regrette l’écrivaine américaine
Cintra Wilson dans The New York Review of Books.
Pauline Toulet
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