dimanche 26 avril 2020

BTS1 Synthèse rédigée Corpus More Rabelais Voltaire Hugo Wells Zola

Voici une proposition de synthèse rédigée. Je vous demande de bien regarder comment on passe du tableau (de confrontation et de reformulation) et du plan détaillé à la rédaction de la synthèse: usage du saut de ligne et de l'alinéa; étapes de l'introduction bien respectées; référence explicite et systématique aux documents en passant par l'auteur ou le type de support avec utilisation de verbes introducteurs; connecteurs indiquant la logique de la progression au sein des parties et des sous-parties; citations permises mais peu nombreuses, brèves et surtout grammaticalement intégrées aux phrases; cohérence pronominale; orthographe.

 

Tableau de confrontation et de reformulation:

Thomas More L’île d’Utopie

1516

Rabelais, extrait de Gargantua 1534

L’Abbaye de Thélème

Voltaire, extrait de Candide ou l’Optimisme 1759 L’Eldorado

Victor Hugo, extrait de Paris au XXème siècle, 1867 Le rêve d’une ville

H-G Wells, extrait de La Machine à explorer le temps, 1895

Emile Zola, extrait de Travail, 1901

La cité rêvée

Idée des futures sous-parties

Lieu imaginaire :

Thomas More décrit une île en forme de croissant de lune

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires :

Ils sont très habiles à se protéger.

le lexique du bonheur, de la richesse,de la réussite. C'est donc une société idéale qui est décrite.

Lieu imaginaire :

nous ne savons pas où est l'Abbaye de Thélème

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires :

ils n'ont que des qualités(morales, intellectuelles et physiques)

le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. Société idéale.

Lieu imaginaire :

nous ne savons pas où est l'Eldorado

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires : ; il n'y a pas besoin de prison en Eldorado et le roi est un brave homme

le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. Société idéale.

Lieu imaginaire :

le Paris de Victor Hugo est celui qu'il imagine au XX° siècle

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires : Ils n'ont que des qualités( bonté, ouverture, sens de la justice). le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. Société idéale

Lieu imaginaire :

le monde de Wells est le fruit de La Machine à explorer le temps

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires :  les hommes agiront "sagement et soigneusement".

le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. Société idéale

Lieu imaginaire :

la cité de Zola est celle que Luc "apercevait déjà de ses yeux de voyant".

Les habitants de ce lieu sont gratifiés de qualités extraordinaires : ils sont travailleurs, en bonne santé

le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. C'est donc une société idéale qui est décrite.

L’utopie présente un certain nombre de constantes

La description de l'île de T. More développe le champ lexical de la sécurité et le conditionnel suggère que la présence d'étrangers n'est qu'hypothétique.

Le progrès imaginé est lié au travail et à la science :

 

 

Les habitants de Thélème doivent "aller au dehors".
D'autre part, la liberté est la devise de Thélème et ses habitants doivent "renverser [l]e joug de la servitude".

Le roi d'Eldorado : il est amical, a le sens de l’hospitalité. Il est facile de lire là une satire du monde réel, du monde extérieur, du pouvoir absolu qui régit la vie politique française à cette époque.

Le progrès imaginé est lié au travail et à la science :Voltaire évoque "un palais des sciences"

La "nation extraordinaire" de Victor Hugo sera "pacifique, cordiale au reste de l'humanité"

pour Wells "le monde entier…recherchera la coopération".
Le progrès imaginé est lié au travail et à la science :

Wells parle de "monde intelligent"

Le progrès imaginé est lié au travail et à la science :

Zola utilise l'hyperbole pour décrire "l'usine élargie" qui apporte au "salariat" "sa triomphante floraison de santé et de joie".

L’utopie offre un certain nombre de particularités : jusqu'au XVIII° siècle, l'utopie se situe dans des mondes clos, hostiles aux étrangers ; Au XIX° siècle par contre, les écrivains imaginent des sociétés plus ouvertes/pacifiques. L'utopie du XIX° siècle se décrit au futur, celle des siècles précédents , au présent ou au passé.

 

 

 

 

 

Rabelais n'a pas de mots  élogieux pour qualifier les locataires de son abbaye imaginaire : ils sont naturellement enclins à faire le bien, à être pacifiques,tolérants.

Voltaire utilise les figures d'insistance et l'hyperbole pour décrire une ville belle et accueillante

Hugo n'a pas de mots assez élogieux pour qualifier les habitants de son Paris imaginaire : ils sont naturellement enclins à faire le bien, à être pacifiques,tolérants.

Welles utilise les figures d'insistance et l'hyperbole pour décrire une nature nourricière.

Zola utilise les figures d'insistance et l'hyperbole pour décrire une ville belle et accueillante

L’utopie représente une forme de nostalgie pour le paradis(L'utopie est donc très fortement imprégnée de culture judéo-chrétienne.)

 

 

 

 

 

 

Le progrès serait l'œuvre d'une société instruite et intelligente : on retrouve le champ lexical de l'instruction et du savoir chez Rabelais .

Cette société est libre.

On retrouve le champ lexical de l'instruction et du savoir chez Voltaire.

On retrouve le champ lexical de l'instruction et du savoir chez Hugo qui développe l'image d'une société "pensante".

Cette société est libre.

Wells se projette dans un monde futur où la nature est domestiquée, "soumise" par l'homme. Les grands dangers naturels seraient éradiqués par "l'équilibre de la vie animal et de la vie végétale".

L’utopie de Zola prend des allures de projet socialiste, avec une vision du monde ouvrier heureux, de la misère vaincue grâce à une Cité idéale décrite à travers une métaphore maritime

L’utopie traduit la vision d’une société idéale, progressiste









 Plan détaillé:

I. L'utopie se présente toujours comme un récit se déroulant dans des lieux imaginaires

1 L’utopie présente un certain nombre de constantes 

2 L’utopie offre un certain nombre de particularités

II. L'analyse des documents fait apparaître une double orientation, vers le passé et en direction du futur.

1 L’utopie représente une forme de nostalgie pour le paradis

L’utopie traduit la vision d’une société idéale, progressiste

 

Synthèse rédigée:


L'utopie, comme genre littéraire, apparaît avec l'humanisme de la Renaissance. Elle accompagne une nouvelle conception de l'histoire, considérée en termes de progrès. Au XVI°siècle, Thomas More dans Utopie publié en 1516 et Rabelais, avec sa description de l'Abbaye de Thélème à la fin de Gargantua (1534), imaginent les premiers des sociétés idéales. Dans l’épisode de l'Eldorado décrit par Voltaire dans son conte philosophique Candide publié en 1759, un "palais des sciences" semble contribuer au bonheur des habitants. Ce rôle bénéfique du progrès et du savoir, dans un avenir mythique, est repris au XIX°siècle par Victor Hugo dans Paris au XX°siècle publié en 1867 ainsi que par H-G. Wells dans La Machine à explorer le temps sorti en 1895 et par Emile Zola dans son roman Travail datant de 1901.L'utopie est donc porteuse d'une vision du monde qui évolue du XVI° siècle au XX° siècle. Il est intéressant de déterminer comment et pourquoi certains écrivains l'ont imaginée. En analysant et comparant ces documents, nous verrons comment L'utopie se présente toujours comme un récit se déroulant dans des lieux imaginaires et comment nous pouvons en y retrouver les nostalgies et les espérances des hommes de l'époque moderne.


L'utopie se présente toujours comme un récit se déroulant dans des lieux imaginaires. Ces derniers présentent des constantes dans leur description. Aucun des auteurs ne localise précisément l’endroit qu’il décrit : Thomas More décrit une île en forme de croissant de lune, évoquant l'univers ; nous ne savons pas où est l'Abbaye de Thélème, pas plus que l'Eldorado ; le Paris de Victor Hugo est celui qu'il imagine au XX° siècle, le monde de Wells est le fruit de La Machine à explorer le temps et la cité de Zola est celle que Luc "apercevait déjà de ses yeux de voyant". Les habitants de ces lieux ont certes visage humain, mais ils sont gratifiés de qualités extraordinaires : ceux de l'île d'Utopie sont très habiles à se protéger, ceux de Thélème et de Paris au XX° siècle n'ont que des qualités ; il n'y a pas besoin de prison en Eldorado et le roi est un brave homme ; dans le monde de Wells, les hommes agiront "sagement et soigneusement". Dans tous les documents, on relève le lexique du bonheur, de la richesse, de la beauté, de la réussite. C'est donc une société idéale qui est décrite.      Cependant, nous pouvons relever aussi des caractéristiques particulières liées au contexte historique et social : jusqu'au XVIII° siècle, l'utopie se situe dans des mondes clos, hostiles aux étrangers ; la description de l'île de T. More développe le champ lexical de la sécurité et le conditionnel suggère que la présence d'étrangers n'est qu' hypothétique; les habitants de Thélème doivent "aller au dehors". D'autre part, la liberté est la devise de Thélème dont les habitants doivent "renverser ce joug de la servitude". Quant au roi d'Eldorado, on doit "le baiser des deux côtés" et il prie ses hôtes "poliment à souper". Il est facile de lire là une satire du pouvoir absolu qui régit la vie politique française à cette époque. Au XIX° siècle par contre, les écrivains imaginent des sociétés plus ouvertes et pacifiques. La "nation extraordinaire" de Victor Hugo sera "pacifique, cordiale au reste de l'humanité" ; pour Wells "le monde entier…recherchera la coopération". Le progrès imaginé est lié au travail et à la science : déjà Voltaire évoque "un palais des sciences" ; Wells parle de "monde intelligent" et Zola utilise l'hyperbole pour décrire "l'usine élargie" qui apporte au "salariat" "sa triomphante floraison de santé et de joie". L'utopie du XIX° siècle se décrit enfin au futur, alors que celle des siècles précédents l'est au présent ou au passé. Pays imaginaires et sociétés idéales…quels regrets et quels espoirs sont-ils donc exprimés là?

 L'analyse des documents fait apparaître une double orientation, vers le passé et en direction du futur. En effet, les lieux décrits par l'ensemble des auteurs présentent toutes les caractéristiques du paradis perdu, celui d'avant le péché originel : Voltaire et Zola utilisent les figures d'insistance et l'hyperbole pour décrire des villes belles et accueillantes, Wells une nature nourricière. Rabelais et Hugo n'ont pas de mots assez forts et élogieux pour qualifier les habitants de leurs pays imaginaires : ils sont naturellement enclins à faire le bien, à être pacifiques et tolérants. L'utopie est donc très fortement imprégnée de culture judéo-chrétienne.
     Mais elle apparaît aussi progressiste. Wells se projette dans un monde futur où la nature est domestiquée, "soumise" par l'homme. Les grands dangers naturels seraient éradiqués par "l'équilibre de la vie animal et de la vie végétale". Ce progrès serait l'œuvre d'une société instruite et intelligente : on retrouve le champ lexical de l'instruction et du savoir chez Rabelais, Voltaire et Hugo qui développe, par le lexique de la réflexion, l'image d'une société "pensante". Cette société est libre pour Rabelais et Hugo. Quant à Zola, son utopie prend des allures de projet socialiste, avec une vision du monde ouvrier heureux, de la misère vaincue grâce à une Cité idéale décrite à travers une métaphore maritime. L'utopie est donc bien aussi tournée vers l'avenir et imagine un monde amendé qui reflète la foi dans le progrès moral et la confiance dans le pouvoir de la science.
   

L'utopie apparaît donc comme une aspiration de communion retrouvée avec la nature, dans un Eden imaginaire. Elle est aussi une satire du présent, une critique de l'organisation sociale existante et la projection de volontés de réformes. Elle symbolise enfin les rêves d'émancipation des courants socialistes du XIX°siècle et la grande illusion du bonheur par le progrès scientifique.
Mais les tragédies du XX° siècle vont ruiner toutes ces espérances et c'est une contre-utopie que l'on voit surgir dans 1984 de G. Orwell ou Le Meilleur des mondes de Huxley, qui décrivent des univers écrasants et totalitaires où le désir forcené de bonheur a fini par tuer le bonheur.

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