samedi 11 avril 2020

DECOUVRIR le philosophe Byung Chul Han



 

Né à Séoul où il a commencé dans la métallurgie, Byung Chul Han a émigré en Allemagne en 1980 pour faire des études de philosophie, de littérature allemande et de théologie. Sa thèse sur Heidegger obtenue, il intègre la célèbre université de Karlsruhe. Depuis 2012, il enseigne la philosophie à Berlin. Ses livres, près d'une vingtaine, sont un véritable phénomène éditorial en Allemagne et sont traduits dans plus de 10 langues. Contre la société de la fatigue et les médias, il cultive l'ascèse. Sont déjà parus en français : La Société de la fatigue, Le Parfum du temps et Le Désir

Le Désir : « Dans une vie où chacun est entrepreneur de soi-même règne une économie de la survie. » En enjoignant chacun d'être libre à tout prix, performant, volontaire et heureux, le monde néolibéral nous épuise. Mais c'est aussi la rencontre avec l'autre que cette société détruit : dictature de la transparence, saturation des connexions, des écrans, immédiateté, instantanéité, accès mondialisé à toute chose ont annihilé le désir et paralysé la pensée. Nous sommes pris au piège de cet univers qui domestique et asservit le plus intime en chacun de nous. Narcisses, nous ne voyons plus que notre propre reflet dans le monde. Tel est « l’enfer de l'identique », ce trouble d'une jouissance pauvre qui ne se plaît qu'à tout rapporter à soi, à moindre coût.
Le Parfum du temps : La crise de notre époque est notamment due à l’absolutisation de la vita activa. Celle-ci nous conduit à un impératif de travail qui dégrade l’être humain au rang d’animal laborans. L hyperkinésie de notre vie quotidienne retire à la vie humaine toute faculté de contemplation, toute aptitude à demeurer, à s’attarder sur les choses. Elle conduit à la perte du monde et du temps. Les prétendues stratégies déployées pour ralentir le temps ne dissipent pas la crise. Elles cachent même le vrai problème. Il est nécessaire de revitaliser la vita contemplativa. On ne sortira de cette crise que lorsque la vita activa aura intégré dans sa krisis la vita contemplativa.


La Société de la fatigue : Actuellement un changement de paradigmes s’accomplit de manière inaperçue. La société de la négativité cède la place à une société qui est possédée par un excès en positivité. En partant de ce changement de paradigmes, Han dessine le paysage pathologique de la société d’aujourd’hui auquel appartiennent les maladies neuronales comme la dépression, le syndrome de déficit ou d’attention, le borderline ou le burnout. Il ne s’agit pas d’une quelconque infection, mais d’infarctus qui sont conditionnés non par la négativité immunologique de l’autre, mais par un excès de positivité. Ainsi ils échappent à chaque technique immunologique de la prophylaxie. L’analyse de Han se clôt, dans la vision d’une société qu’il appelle du terme ambivalent de « société de la fatigue ».

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire