Pas de répit pour le climat durant la Covid-19 Publié le 14 avril 2020
Le Monde par Huet
Le réchauffement climatique ne s’arrête pas pour cause
de Covid-19. C’est ce que souligne l‘annonce,
hier par l’équipe de Nasa et de l’Université Columbia de New York, de l’analyse
des températures planétaires durant le mois de mars 2020.
Avec un écart de 1,18°C par rapport à la moyenne
calculée sur 1951/1980 pour le mois de mars, l’élévation de la température
planétaire est remarquable. A l’exception de quelques régions – Atlantique
Nord, nord de l’Inde et Pakistan, Antarctique, des régions de l’Atlantique Sud
et du Pacifique Sud – la grande majorité de la planète, océans comme terres
émergées, affiche des hausses allant jusqu’à 8,4°C au-dessus des moyennes
climatologiques. Les écarts les plus importants sont relevés sur l’ensemble de
la Russie et de la Mer Caspienne à la côte Pacifique.
2020 offre le deuxième mois de mars le plus chaud dans
les relevés thermométriques depuis 1880 dans la série analysée.
Pour apprécier la situation, il est utile de reporter
la température moyenne planétaire sur la courbe depuis le début des relevés, en
1880, et en prenant comme base la période 1880/1920. Cette dernière est très
proche de celle dite pré-industrielle qui sert de référence dans les textes de
la Convention Climat de l’ONU et l’Accord de Paris de 2015 pour la formule
consacrée sur ses objectifs : « pas plus de 2°C supplémentaire, et se
rapprocher le plus possible des 1,5°C« . Le graphique ci-dessous
montre à quel point il sera impossible d’éviter d’exploser l’objectif des 2°C
sans un bouleversement de nos économies, des technologies énergétiques et de
l’ordre social. Nous sommes en effet déjà au-delà de 1,2°C
Écart de la
température moyenne de la planète relativement à la moyenne calculée sur la
période 1880/1920. Running mean signifie « en moyenne glissante »
(chaque point mensuel représente donc la moyenne des douze derniers mois sur la
courbe bleue). Les points noirs sont les moyennes annuelles calendaires. La
courbe en rouge, moyenne glissante sur 32 mois, efface les variations
inter-annuelles dues aux phénomènes naturels (oscillations océaniques, Soleil).
L’intensification de l’effet de serre par nos émissions de gaz à effet de serre
explique l’évolution depuis la fin des années 1970.
Du côté des glaces de mer, l’Arctique démarre mal sa période de rétraction,
puisque la banquise se trouve déjà nettement en dessous de sa moyenne
climatologique au 12 avril.
La crise du Covid-19 va se traduire par une diminution
marquée des émissions de gaz à effet de serre sur l’année 2020 en raison de
l’arrêt de nombreuses activités économiques et industrielles. La diminution
sera plus marquée que lors de la crise de 2009 (avec un petit effet contraire :
la diminution des pollutions en particules fines réfléchissantes ne permet pas
seulement d’avoir un ciel bleu au-dessus de Paris et d’apercevoir les sommets
de l’Himalaya à 200 km, elle aura un effet réchauffant). Toutefois, elle
ne sera que temporaire si les plans de sortie de crise ne s’orientent pas
résolument vers la décarbonation de l’économie et les changements structurels
nécessaires.
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