Enki Bilal : « Ma
mémoire est européenne et balkanique » 01 juillet 2019
Entretien inédit pour le site de Ballast
Enki Bilal, c’est une couleur qui nous vient d’abord à l’esprit :
le bleu. C’est aussi une trentaine d’albums de bande dessinée, trois films,
des clips et des spectacles. À la fin des années 1990, l’avenir que ce fils
exilé de la Yougoslavie donnait à voir s’avançait sous la coupe d’une organisation
terroriste mondialisée ; une décennie plus tard, avec sa trilogie Coup de sang, la
Terre était en proie à un dérèglement climatique global ; en 2017, il
conduisait son lecteur dans un avenir proche marqué par la disparition
de toutes les sources numériques planétaires. Passé, présent et futur se
télescopent continuellement sous ses crayons ; nous le retrouvons à
Marseille, un bonnet vissé sur la tête.
Vous avez un jour parlé d’une « déchirure » qui a marqué
votre enfance. Quelle place a‑t-elle occupé ensuite, au regard de l’importance
que vous accordez à la mémoire ? Cette déchirure est un élément essentiel. Elle est
comme le détonateur qui explique cette propension que j’ai à toujours aborder,
même sans le vouloir, la question de la mémoire. Cette déchirure s’est déroulée
à l’âge de 9 ans. Je savais qu’un jour je devrai partir pour rejoindre mon
père, qui était à Paris. Lorsque c’est arrivé, ça a été une rupture, une
confrontation à la réalité qui a été brutale. Le départ a été précipité
— un départ pour un pays que je ne connaissais pas et qui me paraissait terriblement
immense. Et une culture, française, qui m’était totalement étrangère.
Belgrade-Paris, ce n’est pourtant pas si loin, mais je peux encore m’en rappeler :
ça a été un voyage de près de 42 heures de train. Les deux tiers du trajet se
sont passés au ralenti, sur le territoire yougoslave, mais une fois arrivé
en Italie ça s’est accéléré, jusqu’à Paris… J’avais dans mes bagages toute
la mémoire de mon enfance, celle de ma Yougoslavie. C’est en perdant quelque
chose qu’on prend conscience de son importance. Quitter ce lieu qui se transforme
sous vos yeux en passé, ça marque au fer rouge. Ce sont des faits qui
impriment les mémoires et donc, inconsciemment, peut-être que ces traumatismes
resurgissent. Malgré moi. Évidemment, il y a des événements bien plus dramatiques
que cet épisode de ma vie, il y a de nombreuses histoires, de vies, d’enfants
trimballés, exilés — ne parlons pas des guerres. Mon travail ne se limite
donc pas qu’à ma mémoire personnelle, il est aussi un écho à celle des
Hommes en général, à l’Histoire. Je n’avais pas fait forcément ce lien,
mais, au regard de votre question, il vrai que la mémoire est ce quelque chose
qui colle au basques des humains…
Vous avez évoqué le souvenir, ou plutôt l’image, de Belgrade aux murs
criblés. Quelles sont les autres traces que vous a laissé cette
période ? Je me rappelle d’un pays joyeux, même gai. Ça a été une enfance plutôt
heureuse et souriante. Mais en trame de fond, il y avait cette absence du
père qui était… (il cherche ses mots) comme un voile. Une absence qui se
révélait, se faisait jour dans les marques d’inquiétudes de ma mère :
elle, seule, perdue avec ses deux enfants dans cette ville qu’est Belgrade.
Néanmoins, de ce dont je me souviens, il y avait cette sensation d’une société
vraiment solidaire. Peut-être parce que la guerre approchait : elle n’était
plus loin — je suis né en 1951 — et on pouvait déjà la sentir approcher. Il
y avait aussi la figure de Tito, érigée en héros, en
vainqueur du nazisme dans les Balkans ; il a réussi à faire ce consensus
un peu inattendu et a gagné une stature internationale.
Son non-alignement aussi… Oui. Le non-alignement vis-à-vis de l’URSS, et l’autogestion
qui commençait à fasciner les Occidentaux, et en particulier les socialistes
— comme Rocard,
par exemple. Tous ces points positifs, cet optimisme recouvraient le fait
que, tout en même temps, Tito était un dictateur qui mettait en prison ses
opposants les plus radicaux. Mais dans mes souvenirs, ça ne se sentait pas
vraiment. Dans l’air du temps il y avait plutôt comme une forme d’harmonie,
d’apaisement. Pour moi, en tout cas, à part cette histoire personnelle,
familiale, le fait d’être coupé du père, cette période a construit un souvenir
agréable. Tito était un personnage plutôt malin. Il avait laissé les blessures,
les stigmates que la guerre contre les nazis avait gravées sur Belgrade. Il
n’a pas ravalé les façades, il n’a pas reconstruit, ni effacé les
traces : au contraire, il voulait les montrer afin que le passé reste
toujours présent. Il faut se rendre compte que Belgrade n’est pas une très
grande ville comparée à Paris. Et lorsqu’il y avait des visites de dirigeants
étrangers, ça ne passait pas inaperçu. Il y avait comme une sorte de ballet
de drapeaux étrangers en permanence. Nombre de pays que je ne connaissais
pas — des pays africains et des gouvernements non-alignés — défilaient
régulièrement. Et d’autres, de temps à autres, sans doute « plus importants »,
disons. Dans cette ville criblée de balles, comme une sorte de vitrine…
C’était de l’ordre de la communication : la ville devenait un moyen
de propagande pour Tito. Il était fier de montrer qu’elle avait souffert,
certes, mais que grâce à lui les Balkans avaient gagné.
La Yougoslavie de Tito avait malgré tout rendu possible la cohabitation
des différentes communautés. Ce qu’il disait ainsi : « La
Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions,
deux alphabets et un seul parti. » La Yougoslavie que j’aime était celle du métissage,
oui. Il aurait été bien qu’elle puisse continuer. On y voyait des populations
de Bosnie qui étaient musulmanes et buvaient de l’alcool sans que ça n’enlève
rien à leur foi, des Serbes orthodoxes, des Croates catholiques… Tout ça fonctionnait
très bien. Et en une fraction de seconde, tout a basculé. Le voisin avec
lequel on buvait la veille, avec qui on s’embrassait ou s’engueulait pour un
match de foot, a pris le lendemain son fusil pour tirer sur le camarade
d’hier. Le communautarisme, je m’en méfie comme de la peste : c’est
littéralement une gangrène. C’est une folie humaine terriblement dangereuse.
Ceux qui y travaillent sont soit des irresponsables, soit très limités
intellectuellement — il y en a apparemment beaucoup en ce moment. Donc
le métissage et le multiculturalisme, j’y suis évidemment favorable.
Vous êtes vous-même né d’un père ottoman et d’une mère tchèque, et vous
êtes français. Comment cette identité multiple s’imbrique-t-elle dans
cette mémoire ? Identité et mémoire cheminent ensemble. La mémoire des expériences, de
ce que l’on vit, constitue l’individu. Ma mémoire est européenne et balkanique ;
cette multiplicité est une richesse — c’est en tout cas comme ça que je l’ai
vécue. Le danger, ce serait d’oublier cette possibilité de richesse.
Dans votre Tétralogie du
monstre, le lecteur fait face à l’hypermnésie. Au contraire,
dans Tykho Moon, c’est l’amnésie. Encore la mémoire !
Elle traverse votre œuvre comme une maladie incurable… La Tétralogie du
monstre, c’était un choix affirmé et assumé : la mémoire en était
le fil conducteur. Le texte commence par « J’ai 18 jours, I remember.
» C’est en écho à Perec,
mais légèrement troublé car j’ai choisi d’utiliser la langue anglaise.
« Je me souviens des premières secondes de ma vie. » Cette proposition
est une aberration totale, purement fictionnelle ! L’hypermnésie du
personnage est effectivement presque comme une maladie, mais elle est avant
tout une figure poétique : dans de telles proportions, nous sortons
totalement du réel. Cette mémoire devient une sorte d’objet de fascination,
de rêverie. Mais ces souvenirs sont également le point de départ qui m’a
permis de bâtir un récit rétrospectif sur la réalité de la guerre qui
venait de démarrer en Yougoslavie. Ce conflit a éclaté au moment où je créais
cet album dans les années 1995 : la mémoire y est comme un porte-drapeau.
Mais ce récit, projeté dans un avenir proche, est aussi une sorte de signal
d’alarme, notamment sur l’obscurantisme religieux à venir. Ces conflits
religieux n’ont jamais vraiment été pointés quant à l’éclatement de la
Yougoslavie ; cet aspect a été passé sous silence, alors que, d’emblée,
ça faisait partie de cette guerre. Comme si ça dérangeait déjà, comme si,
dès cette époque, il était impossible de l’évoquer. Mais avec Bug,
c’est plus étonnant : je ne m’en suis rendu compte qu’au fil de l’écriture,
de la présence de cette mémoire.
Comment est née cette écriture ? Comme tout un chacun, j’ai eu des ennuis avec mon smartphone.
Je vois que le vôtre a l’air d’avoir vécu ! Ces petits objets sont une
externalisation de notre mémoire. Je me suis donc posé la question de
savoir ce qui se passerait si ces machines-mémoire s’arrêtaient. Que deviendrions-nous ?
Très rapidement, je me suis rendu compte que ce serait tout simplement le
chaos — quelque chose de terrifiant. En une fraction de seconde ce mot
m’apparaît : « bug ». Avec ses deux occurrences, à la fois
comme erreur-système en informatique, et comme « insecte » ou
comme « virus », en anglais. Cette anomalie, ce corps étranger,
cet « alien ». D’alien à extra-terrestre m’apparaît alors la planète
Mars. Si on se réfère aux prospectives
de Tesla, Mars en 2040, c’est plausible — donc l’histoire allait
se dérouler dans ce futur proche. Je saute comme ça d’une idée à l’autre et
très vite un synopsis prend forme dans ma tête. Le personnage principal va
revenir de la planète Mars avec cet alien, cet insecte, et il hérite de toute
cette mémoire virtuelle qui a disparu à cause de ce bug : il va l’incarner
au sens littéral du terme. Ça y est, on y est, je tiens quelque chose. C’est
comme ça que l’écriture du scénario s’est opérée. En retournant cette histoire
dans ma tête, je me dis toujours que c’est tout de même bizarre que personne
n’ait pensé à traiter ce sujet. Je songe en particulier au États-Unis,
très productifs avec toutes leurs séries prospectivistes. Mais personne.
Ni là-bas, ni chez les Anglais, encore moins en France. J’étais sidéré. Je commence
à me mettre sur l’album, à développer ce qui n’était qu’un pitch — moi qui
n’avais jamais vraiment su faire ça auparavant, là, j’en ai créé un, imparable,
en deux ou trois lignes. Et ce n’est que plus tard, au cours de l’écriture,
donc, que je me rends compte : c’est une histoire qui tourne autour de la
mémoire ! (rires)
Paradoxalement, plusieurs de vos récits se déroulent dans le futur mais
traitent du passé. Et le présent où ceux-ci s’ancrent est truffé d’anachronismes
— comme un croisement. Comment articulez-vous ces strates de temps ? En tant qu’artiste,
ces temporalités sont extrêmement liées. Comme intriquées. Pour l’historien,
son regard est particulier car tourné vers le passé mais, paradoxalement,
il ne peut avoir concrètement les pieds dedans : il est toujours dans
un en-dehors. Le journaliste, lui, est ancré dans le présent. Il peut se poser
des questions sur l’avenir mais ne peut pas spéculer sur le futur car il
s’appuie sur des faits. Il ne peut aller au delà de cette limite qu’est le réel
car il se doit de vérifier ses sources — et il est impossible de vérifier
des faits qui ne sont pas encore arrivés… Le prospectiviste ne regarde, ne
spécule qu’au devant. La position de l’artiste est à la frontière de ces
trois temporalités, de ces trois regards : il dépasse les limites de
ces champs clos. Il les fait se télescoper dans le prisme de sa vision afin
d’observer et reconstruire le monde. Il est un « voyeur » — je ne
parle pas de perversion, ni de voyance en tant que visionnaire, mais de
voyeur dans le sens de : voilà ce que je peux observer. Cette vision,
qui est à cet « entre-trois », est ce qui m’a permis de bâtir le
récit du Sommeil du
monstre. Je m’étais nourri de ce que j’avais pu voir et lire
concernant les Taliban en Afghanistan. Des ces reportages et ces articles,
j’ai perçu des personnes très cultivées, solides et intelligentes, dont le
but était de soumettre à leur idéologie leur population — et notamment
les femmes. Je me suis dit : « Ils vont aller très loin dans le
sombre, voire dans l’obscur. » J’ai eu cette vision d’un obscurantisme
religieux totalitaire. C’est ainsi que le Sommeil du monstre prend
comme point de départ l’Histoire, celle de la balkanisation de la Yougoslavie,
mais que le récit s’ouvre sur une autre perspective, une prospective qui se
nourrit de faits : l’obscurantisme religieux.
Le personnage principal de Tykho
Moon a quant à lui besoin de faire table rase de son passé pour continuer à
vivre. Comme un droit à l’oubli. La mémoire peut devenir un problème ? Pour Cameron Obbs, le
protagoniste de Bug, ça va devenir un problème aussi. Tout savoir,
ça devient évidemment problématique. Trop de mémoire est infernal :
il y a une nécessité de l’oubli pour avancer. Pour le personnage de Nike
Hasfeld, dans la Tétralogie des monstres, même si il avait des douleurs,
des problèmes physiques et des stigmates, cette anormalité, cette hypermnésie,
il la contrôlait. Alors que dans Bug, où je n’en suis qu’au second tome
— je ne pourrai pas le finir en trois opus, il en faudra au moins cinq —, il
faut que le personnage soit à un moment donné confronté à cette omniprésence
de ce tout, à cette omniscience. Est-ce qu’il ne sera pas tenté aussi par
l’usage de ce pouvoir ? Ne va-t-il pas disjoncter et vouloir jouir de
cette toute-puissance ?
Vous mentionnez le « pouvoir » ; parlons donc de politique.
Dans vos premiers albums, le communisme est une toile de fond, un acteur
presque invisible mais toujours là. Dans Bug, il y a une scène avec
des « néomarxistes » qui apparaît presque comme une ouverture, un
« possible ». Peut-être de la nostalgie ? Je me suis toujours
senti de gauche, même si, aujourd’hui, dans les partis qui s’en revendiquent,
je ne reconnais plus rien de ses valeurs. Les gauches que nous avons sont
consternantes. Mais pour vous répondre, je suis faussement indulgent avec
les communistes. Il est vrai que j’avais une forme de fascination, de respect
pour ces pays de l’Est que je sentais mal aimés, mal compris et mal connus en
France. C’est un des effets de ce déchirement, de ce déplacement. En partant
de Belgrade, j’ai ramené avec moi bien plus que les Balkans, j’ai ramené
l’Europe de l’Est et donc tout ce qui était derrière le rideau de fer, y compris
l’URSS. Je connaissais parfaitement qui était à la tête de ce pays, qui
étaient Lénine, Staline et tous les dirigeants qui se sont succédé. Donc communiste,
je ne l’ai jamais été car ce régime était très, trop dangereux — c’est le moins
que l’on puisse dire. Mais, en même temps, j’étais agacé par la gauche française
qui semblait ne pas vouloir voir, comme Sartre.
Ça me gêne terriblement cette cécité volontaire, et ceci quel que soit le
contexte. Actuellement, il y a de nombreuses personnes qui ne souhaitent pas
voir ce qui se déroule sous nos yeux : c’est assez effrayant.
Je me suis toujours placé en dehors des courants militants ; je
n’ai jamais milité parce que je considérais que mon champ d’action artistique
suffisait à un engagement, à un point de vue qui devait se passer de tout
lien affirmé avec un parti ou un groupe. C’était donc davantage une forme de
sympathie culturelle et intellectuelle que politique. Une anecdote révélatrice :
très vite, quand j’ai commencé à parler français, mes petit camarades
confondaient allègrement Budapest, Bucarest et Belgrade. Comme si je confondais
Bruxelles et Paris ! Les clichés se résumaient à « Ce sont les pays
qui sont derrières le rideau de fer, il pleut tout le temps là-bas, il fait
gris et froid ». Alors que non, Belgrade possède son climat continental
et les étés sont bien plus agréables qu’à Paris. Il y neige vraiment en hiver,
mais la vie est douce. Bref, une petite guerre sur les imaginaires se tramaient
à l’époque. En réaction à ce regard très négatif et pavlovien, où les gens
ne faisaient que répéter ce qu’on leur disait, j’ai défendu les pays de
l’Est, y compris l’Union soviétique.
Dans La Trilogie
Nikopol, on sent un changement : les modèles politiques
deviennent équivalents. Qu’ils soient fascistes, staliniens, impérialistes,
c’est bonnet blanc et blanc bonnet. Est-ce une nihilisation de votre regard
politique ? C’est juste. Et c’est encore plus lisible dans Bunker Palace Hôtel,
mon premier film. Il mettait en scène une sorte de dictature fasciste de
type Amérique du Sud, mais comme c’était tourné à Belgrade, et que mon style
est plutôt tourné du côté des pays de l’Est, il y avait un mélange des
genres. Du coup, les spectateurs étaient un peu perdus, ils ne savaient plus
vraiment où l’action se déroulait car ces deux repères se télescopaient
pour faire advenir un territoire atopique. Peu importe le lieu ou le
régime : au final, c’est la mise en scène d’un pouvoir qui opprime, qui
soumet une population à des diktats. Que ça prenne racine dans un régime
communiste ou fasciste, le problème n’était pas là. Le problème est le
pouvoir.
Même le pouvoir divin n’est pas en reste. Dans La Foire aux
Immortels, les divinités ont tous les traits d’un fascisme en
puissance, non ? Mais ils sont humains, plus qu’humains en fin de compte. Donc oui !
C’était une peau de banane que je m’étais lancé avec ces dieux égyptiens…
Car cette idée est née d’une manière totalement absurde. Pour l’écriture de
mes scénarios, ça peut naître d’une manière très réfléchie, très rationnelle,
mais, là, je ne me rappelle plus comment, je ne sais plus ; c’était un
soir, j’avais sûrement bu un verre de trop, je me suis imaginé une pyramide
au-dessus d’un Paris sous la coupe d’un régime fascisant. À l’époque je
m’intéressais beaucoup, essentiellement par mes voyages, à l’Égypte
ancienne. Je devais d’ailleurs revenir d’un voyage. J’étais fasciné par la
représentation des dieux égyptiens : elles sont magnifiques, ces
têtes animales et ces corps d’humains. Il y a une véritable poésie derrière.
Bref, cette pyramide, là, au-dessus de Paris, qui reste dans les airs car
elle est en panne de carburant : du grand n’importe quoi ! (rires)
Le lendemain matin, je me réveille et j’y repense : je me dis que c’était
une bonne idée, et je la garde. Donc pour revenir à votre question, il est
évident que ces dieux égyptiens devaient basculer vers les humains, et non
l’inverse, les humains vers les dieux. Ils descendent des cieux pour venir
sur Terre, ils s’abaissent, s’incarnent — car ils ont été crées par les
hommes : je ne suis pas dupe, hein ! (rires)
Des créatures mi-humain mi-animal dans Animal’z,
des alliages mi-humain mi-machine, un bug où l’insecte est un mélange d’organique
et de technologique : que signifie cette constante hybridité ? C’est une seule et
même thématique qui se développe de manière libre, et en même temps plausible.
L’homme augmenté est déjà dans les tuyaux. On y travaille. Que ce soit la
prothèse, la nanotechnologie, les artefacts, ces actions sur nos corps,
ces mutations sont en cours. Dans le cadre d’une fable, on peut délirer et
créer des choses excessives qui ont du sens : c’est une sorte de dérive
de l’esprit.
Photographies de bannière Cyrille Choupas | Ballast
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